Si ces mots vous parviennent un jour, tout porte à croire que nous sommes toujours en train de vagabonder sur les terres néozélandaises, depuis notre départ d’Auckland fin mai 2013.
Ce qu’il y a de fascinant lorsque l’on tient un carnet de route en ligne, c’est que ni le temps ni l’espace n’ont de prise en ce lieu. J’ai beau être derrière ce texte, à l’heure où vous le découvrirez, je ne le serai plus vraiment. Si l’appel de la nature a été suffisamment puissant, nous sommes sans doute encore sur la route à cet instant. Une nouvelle fois, cet article a été rédigé bien avant d’être publié automatiquement.
Mais venons-en aux faits.
Je reçois régulièrement des questions à propos de ce périple autour du monde que je suis en train de vivre. Pour la plupart, en provenance de personnes que je ne connais pas. Ou disons, pas encore. Pour la plupart, par mail, et c’est bien dommage, car peu sont alors ceux qui peuvent profiter des échanges qui en découlent.
Tandis que je recherchais une idée pour maintenir en vie ce carnet de route en notre absence, j’ai pensé que peut-être, vous aussi qui nous suivez, vous portiez en vous un certain nombre de questions à propos de notre aventure.
Est-ce vraiment le cas ? Qu’en sais-je et qu’importe. Cet article est une expérience.
Alors que nous sommes partis nous perdre loin de tout à l’autre bout de la planète, et que nous ne vous lirons que dans des jours ou peut-être même des semaines, je vous propose aujourd’hui de nous soumettre via le formulaire de commentaires toutes les questions que vous n’avez jamais osé nous poser jusqu’à présent. Qu’il s’agisse d’évoquer nos rencontres, les moyens de transports que nous utilisons, les préparatifs, la santé, notre équipement, nos expériences, nos finances, les cultures effleurées et les langues pratiquées, notre mode de vie, la manière dont la piste se construit jour après jour, ce qui nous manque, les endroits où nous mangeons et dormons, la seule limite quant aux thèmes à aborder est celle de votre imagination.
Si cet appel a suffisamment de succès, nous comptons publier ensuite un second article lors de notre retour à la civilisation, dans lequel nous répondrons respectivement avec Koonshu à chacune de vos questions, sous la forme d’une entrevue virtuelle entre vous, et nous.
Vue d’ici, l’idée paraît séduisante. Elle vous permettra d’en savoir plus sur les dessous de notre aventure. Elle nous aidera également à comprendre quelles restent vos interrogations malgré tout ce que nous partageons avec vous sur ce carnet de route. Par-dessus tout, un tel document sera probablement utile à tous ces voyageurs en puissance qui se demandent comment se construit et se vit un long voyage, de l’intérieur. Je ne compte plus le nombre de choses évidentes pour nous aujourd’hui, qui ne l’étaient pas il y a des mois. Et si nous pouvons continuer à aider, soutenir et inspirer, malgré notre silence radio temporaire, alors nous touchons là un peu au merveilleux.
Comme à l’école, il n’y a pas de questions idiotes. Juste le culot ou non de nous faire part des questions que vous n’avez jusqu’à présent jamais osé nous poser. Si vous n’avez jamais commenté par pudeur ou timidité sur La Piste Inconnue, levez la main bien haut, faites entendre votre voix et profitez-en, car aujourd’hui est le moment !
Cette expérience est maintenant entre vos mains, qu’elle vive de ses propres ailes ou s’effondre d’elle-même en silence.
Déjà plus d’une semaine que nous sommes sur les terres néozélandaises. Le temps passe vite. Au moment où j’écris, nous sommes toujours à Auckland, toujours en train de préparer notre aventure à suivre en Nouvelle-Zélande. Pourtant, nous n’avons pas chômé durant cette semaine, pour imaginer les meilleures options possibles afin de vivre une belle aventure tout en restant dans un budget raisonnable de 30 euros par jour et par personne, maximum.
Explications.
Notre séjour à Auckland
Les aventuriers de La Piste Inconnue sont depuis le jeudi 16 mai 2013 à Auckland. Suite à plus d’une semaine passée à marcher un peu partout, le centre-ville n’a plus de secrets pour nous. Ces marches, toutes utiles, nous ont permis notamment de glaner une multitude d’informations pour préparer notre aventure, ainsi que de réaliser les achats nécessaires à notre futur périple.
Il ne s’est pas passé un seul jour, ou presque, sans que nous ne soyons partis en ville, dans le but d’avoir Internet dans la bibliothèque municipale de la ville dans un premier temps, puis pour manger le midi, et enfin passer du temps dans les magasins de sport spécialisés pour rechercher des informations sur les tentes ou d’autres produits utiles à une aventure de deux mois en plein air et en hiver dans ce pays.
Dans l’optique d’éviter de nous cantonner à la visite du centre-ville, nous avons également réalisé une longue marche, d’environ 32 kilomètres aller-retour, le jeudi 23 mai 2013. Elle se nomme en anglais « Coast to Coast », ce qui signifie « D’une côte à l’autre ». Cette belle marche, qui débute depuis le port de la ville, et qui nous a fait passer par les plus beaux endroits d’Auckland : le port, le centre-ville, le parc Auckland Domain, dans lequel se situe le musée du mémorial de guerre d’Auckland, le Mont Eden (un ancien dôme volcanique, le point naturel culminant d’Auckland) et le parc One Tree Hill. Elle se termine pour finir non loin de la côte opposée au port, à 16 kilomètres environ de son point de départ. Ce fut une belle randonnée, où la pluie faisait son apparition très régulièrement, sous forme d’averses. Nous sommes en Nouvelle-Zélande, donc il nous faut apprendre à composer avec.
Passer presque deux semaines à Auckland (12 jours pour le moment) fut une bonne idée, et pas de trop, pour bien préparer notre aventure sur les terres de la Nouvelle-Zélande. Chaque jour fut utile, ne serait-ce que pour réfléchir et envisager la meilleure option possible pour notre aventure ici.
Les différentes options envisagées pour notre aventure néozélandaise
Comme évoqué dans mon article précédent, sur notre arrivée à Auckland, nous avons envisagé plusieurs options pour voyager dans ce pays.
Première option : voyager en bus et dormir dans des auberges
La première option envisagée, mais rapidement abandonnée lorsque nous avons vu le coût de la vie en Nouvelle-Zélande, était de voyager comme nous l’avons fait la plupart du temps en Amérique du Sud : en se déplaçant en bus et en dormant dans des auberges.
Mais lorsque l’on voit qu’à Auckland, le prix d’une nuit en auberge est d’une vingtaine d’euros, sans petit-déjeuner et avec Internet limité et payant, il y a de quoi se poser des questions sur la viabilité économique de cette option.
Nous souhaitons encore voyager dans de nombreux pays après la Nouvelle-Zélande, dépenser tout notre budget voyage dans ce pays serait absurde. Cette option n’a donc pas fait long feu.
Deuxième option : louer ou acheter une voiture ou un van
Il s’agit d’une option choisie par de nombreux voyageurs venus se perdre ici. Elle a l’avantage de rendre le voyageur totalement libre de ses mouvements. Il peut en effet choisir simplement sa prochaine destination et s’y rendre par la route, sans se poser de questions.
Mais une nouvelle fois, la donnée économique rentre en jeu. Sans parler de l’achat ou de la location d’une voiture, le prix du carburant dans ce pays rend cette option vraiment très onéreuse.
Dernier point en sa défaveur : nous envisageons déjà l’achat d’une voiture en Australie, pour parcourir la côte est de ce pays. Nous ne nous voyons pas acheter et revendre deux voitures durant notre tour du monde, sachant qu’il faut du temps pour mener à bien chacune de ces transactions. Disons, au moins une semaine pour acheter une voiture, et deux semaines pour la revendre. Il s’agit donc d’une perte de temps que nous ne voulons pas subir en Nouvelle-Zélande.
Toutefois, pour ceux et celles qui souhaitent voyager dans ce pays et qui possèdent un budget confortable, cela reste une excellente option, surtout en basse saison. Nous avons en effet croisé durant notre aventure en Amérique du Sud de nombreux voyageurs qui avaient fait ce choix, et qui en étaient pleinement satisfaits.
Troisième option : faire du « tramping » et de l’autostop
En Nouvelle-Zélande, faire du « tramping », c’est parcourir le pays et notamment les chemins de randonnée avec une tente sur le dos.
C’est la dernière option que nous avons envisagée, car c’est bientôt l’hiver ici. C’est pourtant celle pour laquelle nous avons finalement opté après une longue période de réflexion. Dans ce pays tout comme en France, le bivouac et le camping sauvage sont tolérés, si nous restons respectueux de l’environnement (ne pas laisser de traces, ne pas faire de feux dans les réserves, emporter nos poubelles, etc.). Et, comme partout, il suffira de demander aux locaux pour espérer se voir accepter pour une nuit dans le coin d’un hangar ou d’une exploitation agricole. Nous avons une relative expérience de la vie et de la survie en extérieur, nous pourrons donc faire face à de nombreuses situations, même compliquées.
Faire de l’autostop nous semble envisageable également, du fait de la taille raisonnable du pays, mais aussi de la facilité que nous avons eu lors de notre première journée à Auckland pour avoir une course.
Mais ce qui nous a fait choisir cette option éprouvante, c’est que, passé les lourds investissements de départ, cette solution est très économique sur le long terme. Car une fois la tente et quelques éléments nécessaires à la vie en extérieur achetés, l’alimentation sera alors notre plus gros poste de dépense.
Ce qui rend cette option compliquée, c’est la météo. Nous comptions arriver en fin d’été à Auckland, nous évoluerons finalement en Nouvelle-Zélande à la fois en automne et aux portes de l’hiver. La température n’est donc pas très élevée, mais surtout, la pluie est très présente. Il ne se passe pas un jour sans qu’elle vienne nous dire bonjour. Difficile donc d’imaginer de voyager dans de telles conditions quand on sait que l’on restera dehors, tous les jours, pendant environ deux mois, à la merci de cette météo changeante et capricieuse. Cela nous inquiète réellement, nos corps et notre moral seront mis à très rude épreuve.
Nous comptons un peu sur notre chance pour avoir quelques jours de beau temps tout de même, et pour vivre une aventure hors du commun, en communion avec la nature, qui semble tout simplement sublime dans ce pays. Nous comptons également sur notre expérience pour nous adapter à toutes les situations que nous rencontrerons.
Choix de nos tentes
Choix extrêmement important, quand on sait que nous dormirons dans une tente tous les jours ou presque durant notre aventure néozélandaise, et probablement australienne également. Il faut que ces tentes soient suffisamment isolantes pour résister à la pluie quasi quotidienne en Nouvelle-Zélande, et résistantes pour tenir le choc durant au moins 4 mois d’utilisation. Ces tentes se doivent également d’être pratiques à monter, car si une tempête se rapproche, nous serons bien heureux d’avoir un toit sur notre tête en moins de 10 minutes. Dernier point important, elles devront être légères, car nous ne souhaitons pas voyager avec plus de 15 kilogrammes sur le dos quotidiennement.
Nous savions qu’une tente serait plus chère à l’achat en Nouvelle-Zélande qu’en France, par exemple. Mais nous ne nous attendions pas à une telle différence de prix : plus du double entre une même tente en France et en Nouvelle-Zélande. L’importation sur les îles néozélandaises en est la cause d’après les vendeurs. Il semble donc que les tentes aient le droit à une belle croisière de luxe pour arriver sur les îles, pour justifier un tel prix.
Nos premières visites dans des magasins spécialisés nous ont un peu refroidis sur notre idée de voyager avec deux tentes. Même les modèles basiques, prévus pour une utilisation de quelques jours par an et en été sont relativement chers. Pour notre utilisation, il fallait plutôt regarder dans le rayon des tentes haut de gamme, hors de prix, à environ 750 dollars néozélandais (environ 470 euros). Pour ma part, j’ai pris ces prix comme un coup de massue sur la tête, je ne pensais absolument pas devoir mettre une telle somme dans une tente.
Après une phase de réflexion et quelques simulations financières à froid, nous avons vite réalisé que cet investissement pouvait être amorti et rentabilisé avant même de quitter le territoire néozélandais, vu que nous ne paierions pas de lits en auberges lors de nos nuits sous les tentes. Très difficile, mais possible.
Notre premier choix se portait sur la très réputée tente deux places MSR Hubba Hubba, un modèle dont Audesou connaissait à la fois l’existence et la très bonne qualité, sans toutefois l’avoir lui-même testée. Elle répond à tous les besoins évoqués plus haut : elle est légère (environ deux kilogrammes), résistante, autoportante, spacieuse et facile à monter. Elle coûte en Nouvelle-Zélande 749 dollars néozélandais (environ 470 euros), sans son tapis de sol optionnel, qui coûte pour sa part 99 dollars néozélandais (environ 62 euros). Dur à avaler, lorsque l’on peut se la procurer en France à partir de 299 euros.
Après davantage de réflexion, notre choix s’est finalement déporté sur sa grande sœur, la MSR Hoop. La raison est simple : cette version conserve les qualités de sa petite sœur tout en assurant une meilleure isolation thermique, très utile ici. Petit point en sa défaveur par rapport à la MSR Hubba Hubba : elle pèse 400 grammes de plus, mais cela reste très raisonnable, environ 2,4 kilogrammes, tout compris.
De plus, alors que le prix de base de la MSR Hoop nue est de 849 dollars néozélandais (environ 530 euros) en Nouvelle-Zélande, nous avons pu nous en procurer deux neuves à 758 dollars néozélandais chacunes (environ 475 euros), tapis de sol compris, dans le magasin spécialisé Living Simply, que nous vous recommandons. En résumé, pour approximativement le même prix que celui que nous comptions investir dans deux MSR Hubba Hubba nues, nous avons deux tentes MSR Hoop qui nous permettront d’être encore mieux isolés de l’extérieur et donc d’avoir moins froid durant les nuits d’hiver.
Le choix s’est donc arrêté sur cette tente, la MSR Hoop. Nous espérons à présent qu’il sera le bon et que nos tentes résisteront durant toute notre aventure en Nouvelle-Zélande et Australie. Cela représente un gros investissement pour nous, il serait dommage de devoir repayer une tente de ce prix dans quelques semaines, si l’on s’aperçoit qu’elles ne font pas le poids face à la pluie néozélandaise.
Toutefois, cela devra nous servir de leçon. En France, de telles tentes ne nous auraient coûté que 369 euros, prix de départ, bien moins donc que les 475 euros déboursés ici après négociation. Nous avions un temps envisagé l’achat en France et l’envoi en Nouvelle-Zélande, mais nous avions abandonné l’idée à cause du surcoût représenté par l’envoi et la rigueur des normes sanitaires de Nouvelle-Zélande, qui rendent l’importation de produits destinés à une utilisation en extérieur, comme les tentes, très difficile. Si cela était à refaire, nous privilégierions finalement l’envoi depuis la France. Audesou a tout de même négocié le prix de nos tentes et de l’équipement d’appoint, ce qui nous a permis d’épargner quelques centaines d’euros par rapport à ce que nous aurions pu dépenser ici, mais cela reste malgré tout un mauvais choix financier.
Voici la liste du matériel que nous avons également acheté :
Un réchaud avec des recharges de gaz.
Deux cuillères, qui font office également de couteau et de fourchette.
Enfin, pour éviter d’être chargés durant toute cette aventure, nous comptons envoyer nos petits sacs à dos par La Poste néozélandaise, à Christchurch, en utilisant le service de poste restante, car nous n’avons pas d’adresse dans cette ville. C’est un service qui semble fiable et peu onéreux, seulement 2,5 dollars (environ 1,6 euros) par semaine pour la garde d’un colis de plus de 10 kilogrammes, et la première semaine est même gratuite. Nous allons donc nous séparer de tout ce qui ne sera pas nécessaire à la randonnée, pour être les plus légers possible. L’ordinateur en fera partie, c’est pourquoi La Piste Inconnue risque de ne pas être actualisée durant nos deux mois d’aventure, si nous ne trouvons pas d’autres moyens d’écrire sur le blog avant notre arrivée à Christchurch.
Notre itinéraire
Le choix d’un itinéraire ne fut pas simple non plus à définir, tellement chaque région de la Nouvelle-Zélande semble magnifique. L’étude attentive de nombreuses documentations fournies gratuitement par les centres d’informations de Auckland (i-SITE) nous ont permis d’en apprendre beaucoup sur les activités à réaliser dans n’importe quelle partie de la Nouvelle-Zélande.
Notre idée de base était d’aller tout au nord de l’île du nord de la Nouvelle-Zélande, pour y voir la rencontre entre l’océan Pacifique et la mer de Tasmanie, puis de redescendre tranquillement vers le centre du pays pour y découvrir des villes comme Roturua, Taupo (située sur les rives du plus grand lac du pays, le lac Taupo) et enfin Wellington. Ensuite, nous souhaitions naviguer jusque dans l’île du sud, pour parcourir dans un premier temps la côte ouest, avec la découverte des sublimes fjords de Milford Sound, ou la ville de Wanaka par exemple. Et enfin, dans l’optique de prendre notre avion à Christchurch le 23 juillet 2013, nous comptions remonter par la côte est, en passant par Dunedin notamment. Il s’agissait donc déjà d’un bel itinéraire, où nous aurions découvert beaucoup de belles régions néozélandaises.
Mais après la découverte de ce que le Department Of Conservation (DOC) – qui est un organisme néozélandais chargé de conserver l’héritage naturel et historique du pays – appelle les Great Walks (« Belles Marches » en français), nous avions alors un tout autre plan pour notre aventure.
Il existe en tout neuf Great Walks en Nouvelle-Zélande, dont huit à faire à pied, et une en kayak. Vous le savez déjà, si vous suivez La Piste Inconnue, les belles randonnées ont toujours été une source de motivation et de bonheur pour nous. À la vue de ces belles randonnées – dont une considérée comme la plus belle marche du monde, rien que ça (la Milford Track, dans les fjords de Milford Sound) –, une idée folle émergea en nous : réaliser toutes ces Great Walks, sauf celle à faire en kayak.
L’itinéraire a donc changé d’une manière spectaculaire. Nous avons à présent huit objectifs, huit grandes et belles randonnées à réaliser en un peu moins de deux mois. Quand on sait que lorsque l’on cumule les nombres de jours prévus pour faire les randonnées, nous obtenons déjà 34 jours, il ne faudra pas trop trainer en chemin. Entre chacune de ces randonnées, notre mission sera simple, rejoindre la prochaine Great Walk en autostop.
Voici la liste de ces Great Walks, dans l’ordre dans laquelle nous souhaitons les faire :
Lake Waikaremoana Comme son nom l’indique, il s’agit d’une marche sur les bords du lac Waikaremoana , située à l’est de l’île du nord.
Tongariro Northern Circuit Randonnée à travers des volcans toujours actifs, située vers le centre de l’île du nord.
Abel Tasman Coast Track Une marche à travers des forêts et des plages, sur la côte nord de l’île du sud.
Heaphy Track La plus longue randonnée prévue (environ 80 kilomètres), sur la côte nord-ouest de l’île du sud.
Routeburn Track Une marche entre montagnes, forêts et plages, située au sud-ouest de l’île du sud.
Kepler Track Une randonnée située au sud-ouest de l’île du sud, dans la région des fjords.
Milford Track Considérée comme la plus belle marche du monde, elle a pour localisation également la région des fjords au sud-ouest de l’île du sud.
Rakiura Track Marche située sur une petite île, au sud de l’île du sud.
Vous avez donc à présent les grandes étapes de notre itinéraire envisagé en Nouvelle-Zélande. Évidemment, celui-ci changera en route, mais c’est un bon début, non ?
Il ne nous reste plus à présent qu’à affronter la pluie et le froid et vivre notre aventure néozélandaise à fond ! Plus simple à écrire qu’à faire.
Premier article consacré à la Nouvelle-Zélande : notre arrivée à Auckland. Il a mis du temps à arriver, du fait que nous n’avons pas une connexion Internet régulière. Il nous faut en effet nous déplacer en ville, pour attraper une connexion dans la bibliothèque ou dans des restaurants par exemple. Il n’est donc pas simple pour nous d’écrire des articles, tout en répondant aux mails de nos proches.
Jeudi 16 mai 2013, à 05:00, notre avion atterrissait à Auckland, en Nouvelle-Zélande. Il était l’heure pour La Piste inconnue de ranger son accent espagnol. Nous débarquions donc ce jeudi 16 mai à 05:00, quand pour nous, dans nos esprits, nous n’étions que le mercredi midi, d’après l’heure du Chili, quitté seulement 13 heures auparavant. Le décalage horaire était donc très important, mais après deux jours passés dans cette ville, notre horloge interne s’était déjà réglée.
Par chance, vu comment nous constatons que la vie est chère dans ce pays, nous sommes hébergés durant environ deux semaines à Auckland dans la maison des parents de mon amie Lina, que je remercie chaleureusement une nouvelle fois. Ce temps passé dans la capitale nous permettra de bien préparer notre aventure en Nouvelle-Zélande, pays dont nous ne savons pas encore beaucoup de choses.
Pour rejoindre cette maison, depuis l’aéroport international d’Auckland, nous avons préféré marcher et économiser 16 dollars néozélandais chacun (environ 10 euros), plutôt que de prendre un bus. Nous avions du temps dans cette journée, cela était donc envisageable, malgré la distance à parcourir (environ 21 kilomètres) et nos deux sacs à dos chacun. Cette épreuve a été facilitée par un néozélandais, Maori, qui a accepté de nous prendre en stop alors que nous avions à peine entamé la conversation avec lui à un feu rouge. C’était la première voiture à qui nous demandions de nous prendre pour traverser un pont interdit aux piétons, et 10 minutes plus tard, nous étions de l’autre côté de ce pont, et avions vécu notre première belle rencontre en Nouvelle-Zélande.
Dans le but de profiter au maximum des deux îles principales du pays, et pour éviter de dépenser tout notre budget voyage, notre idée actuelle, même si elle mérite encore de la réflexion, est d’acheter une tente (pour camper presque tous les jours) ainsi que de faire de l’autostop, idée confortée par le fait d’avoir été pris en stop facilement lors de notre arrivée à Auckland. Ainsi, nous disons au revoir aux auberges et bus, très chers ici. Nous serons par contre soumis au bon vouloir des voitures, et surtout, aux conditions climatiques qui peuvent être très capricieuses dans cette partie du globe. Et notamment à la pluie, qui est quotidienne et nous inquiète énormément. Il n’est pas rare en effet de subir plusieurs saisons en une seule journée ici, ce qui ne sera pas évident à gérer quand nous serons livrés à nous-même, seuls dans la nature. Il faut dire que nous pensions initialement arriver en Nouvelle-Zélande en été, mais que nous avons au final passé beaucoup plus de temps que projeté en Amérique du Sud. Nous voilà donc ici aux portes de l’hiver.
Nous avons également le choix, sélectionné par beaucoup de voyageurs, de louer voire d’acheter une voiture ou un van, pour parcourir le territoire néozélandais sans la moindre contrainte, autre que financière. Avec cette solution, nous pourrions être beaucoup plus libres dans nos choix de destinations, et ne pas dépendre des voitures. Mais cela représente un coût trop important à nos yeux, d’autant que nous envisageons cette solution pour l’encore plus onéreuse Australie. Il faut en effet compter l’achat ou la location d’un véhicule, ainsi que l’assurance pour ce véhicule, et enfin le carburant. Autant dire une petite fortune, dans ce pays où la vie est plus chère qu’en France. Une autre option, également envisagée, était de voyager comme en Amérique du Sud, et de prendre des bus pour se déplacer ainsi que des auberges pour dormir. Mais là encore, cette option se révèle coûteuse car le prix d’une auberge bon marché tourne aux alentours de 25 dollars néozélandais la nuit (environ 16 euros).
Nous sommes convaincus que c’est dans la difficulté qu’une belle aventure se construit et se vit. Mais pour le moment, nous ne sommes pas encore sûrs de nous. Le simple achat d’une tente se révèle difficile dans ce pays. Il nous est en effet nécessaire de sélectionner une tente capable de résister au vent et à la pluie, parfois très violente. Ces tentes ont un coût, environ 750 dollars néozélandais (environ 470 euros), lorsqu’elles coûtent autour de 300 euros en France. De plus, nous partons sur l’achat de deux tentes, car nous serons bientôt rejoints par Samantha, qui arrive d’ici quelques jours à Auckland, et que nos trois gros sacs prennent largement la place d’un quatrième luron. Vous comprenez alors que les doutes d’installent en nous. Ce n’est pas évident de dépenser en une seule fois une telle somme, surtout lorsque l’on sait que nous n’avons dépensé qu’environ 7 600 euros à deux et tout compris en Amérique du Sud, en un peu plus de six mois. Mais cet achat pourrait être rentabilisé entre la Nouvelle-Zélande et l’Australie, où nous l’utiliserions également. Il faut donc que l’on arrive à prendre du recul sur cette situation pour prendre la meilleure option possible pour nous pour vivre une belle aventure tout en restant dans un budget raisonnable, prévu dans ce pays à 30 euros par jour et par personne. Ce qui est une épreuve en soi.
En revanche, si nous persistons dans cette idée, nous disons au revoir aux connexions Internet, car d’après ce que je sais, elles ne poussent pas dans les arbres. De plus, nous nous séparerions provisoirement de nos petits sacs à dos durant tout le temps de notre aventure néozélandaise, avec à l’intérieur tout ce qui ne sera pas impérativement nécessaire pour une longue randonnée (dont l’ordinateur) pour éviter d’être trop chargés et pour vagabonder à notre aise. La Piste Inconnue risque donc d’être actualisée beaucoup moins régulièrement, voire plus du tout pendant cette aventure, si nous ne trouvons jamais une connexion. Ne soyez donc pas effrayés si vous n’avez plus de nos nouvelles et sachez que nous ne vous oublierons pas lors de notre retour à la civilisation.
C’est avec du mal que nous avons quitté l’Amérique du Sud, continent dans lequel nous avons vécu une aventure extraordinaire pendant plus de six mois. Les souvenirs se bousculent dans ma tête. J’espère vivement que la piste que nous suivrons en Océanie sera aussi belle et riche en rencontres que la piste sudaméricaine. Seul l’avenir nous le dira, et je suis confiant, elle le sera.
Dernière des fiches pays consacrées à notre aventure en Amérique du Sud : le Chili.
Pays filiforme entouré par l’océan Pacifique et la cordillère des Andes, on le dit cher, boudé par les voyageurs et divisé par une histoire sanglante. Paradoxalement aussi stable qu’ambivalent, entre Patagonie et désert d’Atacama, le Chili est un pays singulier et solitaire qui attire autant qu’il irrite.
Synthèse de notre aventure, anecdotes et autres conseils aux voyageurs...
Notre parcours
Nous avons effectué trois séjours au Chili.
Premier séjour
L’objectif de notre premier séjour était d’aller nous perdre quasiment une semaine dans le parc national Torres del Paine, notre itinéraire a été le suivant :
Puerto Natales.
Parque Nacional Torres del Paine.
Puerto Natales.
Deuxième séjour
De retour au Chili quelques semaines plus tard, nous sommes remontés jusqu’en Bolivie depuis la région des lacs en suivant le chemin suivant :
Pucón.
Santiago.
La Serena.
Pisco Elqui.
La Serena.
San Pedro de Atacama.
Troisième séjour
Notre troisième et dernier séjour a été constitué de deux étapes :
Calama.
Santiago.
Pour en savoir plus sur notre parcours au Chili, consultez la page « L’itinéraire ».
Ce que nous avons apprécié
Fêter le Nouvel An dans le parc national Torres del Paine.
La beauté des femmes chiliennes.
Les paysages lunaires des vallées qui entourent San Pedro de Atacama.
L’ascension du volcan Villarrica, qui surplombe Pucón…
…et la descente en luge, qui a suivi.
La facilité avec laquelle on fait du stop au Chili.
L’hospitalité des chiliens.
Pour en savoir plus sur nos aventures au Chili, consultez la catégorie « Chili ».
Ce qui nous a interpelé
Le gros tabou national, qui a divisé et divise encore le pays : l’ère Pinochet.
Un autre gros tabou national, qui est parfois désagréablement palpable, encore aujourd’hui : le rôle joué par le Chili auprès de l’Allemagne nazie, après la seconde guerre mondiale.
La taille du territoire, difficilement imaginable pour qui a passé la majeure partie de sa vie en France.
La qualité des infrastructures routières, partout dans le pays.
Le coût des bus longues distances, très faible par rapport au coût des bus chez la voisine Argentine.
L’accent chilien, peu évident les premiers temps : les chiliens ont tendance à ne vocaliser que la première partie des mots.
Le côté parfois très conservateur et très peu ouvert sur le monde du pays, malgré son niveau de développement.
Le profond sentiment d’indépendance revendiqué par les chiliens, au sein du territoire sudaméricain.
Notre budget
Nous avons passé au total 42 jours au Chili, répartis sur trois séjours.
Premier séjour
Le premier séjour de 9 jours s’est déroulé du 27/12/2012 au 05/01/2013.
Total des dépenses à deux
482,54 €
Budget moyen quotidien à deux
53,62 €
Budget moyen quotidien par personne
26,81 €
Deuxième séjour
Le deuxième séjour de 25 jours s’est déroulé du 03 au 27/02/2013.
Total des dépenses à deux
1 409,66 €
Budget moyen quotidien à deux
56,39 €
Budget moyen quotidien par personne
28,20 €
Troisième séjour
Le troisième séjour de 8 jours s’est déroulé du 07 au 14/05/2013.
Total des dépenses à deux
346,82 €
Budget moyen quotidien à deux
43,35 €
Budget moyen quotidien par personne
21,68 €
Les trois séjours cumulés
En cumulant les trois séjours, on obtient les résultats financiers suivants.
Total des dépenses à deux
2 239,02 €
Budget moyen quotidien à deux
53,31 €
Budget moyen quotidien par personne
26,66 €
En passant sous silence la très particulière Guyane Française, avec le Brésil et l’Uruguay, le Chili fait partie du top 3 des pays les plus chers d’Amérique du Sud. Le seul poste relativement abordable est celui des transports, relativement bon marché.
L’unité monétaire du Chili est le peso chilien ($).
Conseils aux voyageurs
Les deux principales compagnies de bus du pays sont Pullman Bus et Tur Bus. La concurrence est forte. Les tarifs des tickets sont toujours négociables. Parfois très difficilement, mais ils le sont.
Évitez d’aborder le sujet Pinochet avec des chiliens que vous ne connaissez pas ou peu. Le point Godwin n’est jamais loin.
Au Chili, beaucoup d’étudiants arrondissent leurs fins de mois en se chargeant de mettre les courses des clients dans des sacs plastique, aux caisses des supermarchés. Si vous ne souhaitez pas utiliser de sacs plastique, faites-le leur savoir immédiatement. Sinon, il est d’usage de laisser un pourboire derrière-vous.
San Pedro de Atacama est la ville la plus chère du Chili. Ne sous-estimez pas le coût de la vie dans le désert d’Atacama, où tout provient de très loin.
L’eau du robinet n’est parfois pas potable au nord du Chili.
En période de vacances scolaires, les principales villes de la côte Pacifique sont pleines à craquer, et les prix atteignent des niveaux déraisonnables. Si vous voyagez à petit budget, renseignez-vous au préalable.
Conseils concernant spécifiquement les treks dans le parc national Torres del Paine :
La meilleure option pour préparer une expédition dans le Torres del Paine est d’établir son camp de base pour quelques jours dans la ville de Puerto Natales, et d’y laisser l’équipement qui n’est pas impérativement nécessaire, le temps de parcourir le parc, sac sur le dos.
Quelle que soit la saison, prévoyez des vêtements chauds et coupes-vent, voire imperméables, pour toute aventure dans le parc.
Ce même établissement propose à la location du matériel de randonnée d’excellente qualité.
En haute saison (janvier et février), les lits dans les refuges sont hors de prix dans le parc.
En basse saison, la plupart des refuges sont fermés.
Les principaux chemins de randonnée du Torres del Paine ne sont pas franchement techniques, mais ne surévaluez pas vos capacités physiques et mentales. Notamment vis-à-vis de la résistance face aux éléments, parfois capricieux.
L’eau des rivières est potable dans le Torres del Paine, en revanche, la nourriture est elle aussi hors de prix. Pour soulager votre portefeuille, à défaut de soulager votre dos, entrez dans le parc avec suffisamment de nourriture pour être autonome durant votre aventure.
« ¡ Hasta la próxima, América del Sur ! », c’est ainsi que je souhaitais baptiser ce nouvel article. Après réflexion, il s’appellera au final « Un nouveau départ ». Parce que voilà, j’ai beau avoir la saudade rien que d’y penser et du mal à garder le regard fixé droit devant, mais d’un nouveau départ, c’est bien de cela dont il s’agit aujourd’hui.
Invoquant la magie d’Internet, j’écris ce papier le dimanche 12 mai 2013 depuis Santiago, quand ce dernier ne vous atteindra au plus tôt que trois jours plus tard, le mercredi 15 mai, alors que nous ferons vol vers Auckland, vers un autre continent. Le mercredi 15 mai 2013, tiens, parlons-en. À cet instant, nous serons sans doute quelque part en train de survoler l’océan Pacifique, avec Koonshu. Tous, un jour ou l’autre, avons souri à propos de ces vols qui vous font perdre une journée de vie en traversant la ligne de changement de date dans le sens antihoraire. Nous allons prendre l’un d’eux. Nous allons perdre un jour. Le jour de la publication de cet article, si tout se déroule comme anticipé, nous ne le vivrons pas. Ou si peu.
Il est des expériences qui marquent un homme pour plusieurs vies.
On me dit souvent courageux, rêveur ou fou. Ou les trois à la fois, c’est selon. À l’instar de Abd al Malik, je ne suis qu’en fait « un enfant qui joue à avoir l’air ». On ignore parfois que c’est toujours la peur aux tripes et des doutes plein la tête que j’avance lentement, et de plus en plus profondément, sur cette piste inconnue que je défriche chaque jour. La peur de m’y perdre, je la connais. La peur de l’inconnu, celle qui, les mauvais jours, me convainc presque que le meilleur est déjà derrière, je la connais aussi. La peur de vous décevoir, elle n’a plus de secrets pour moi. La peur de passer définitivement de la norme à la marge, elle est assise sur mes épaules. Les doutes pesants quant à chacun de mes choix, ils m’habitent.
En cette veille de départ à l’autre bout du monde — littéralement — j’éprouve à nouveau intensément ce que je ressentais le jour où j’ai levé l’ancre. Le jour où j’ai quitté la France et où j’ai commencé à porter ce statut d’étranger qui me colle à la peau. Le choc est violent. Je refais mentalement notre parcours, je revis les souvenirs façonnés derrière chacune des 55 étapes, et je tremble debout les yeux ouverts face au planisphère, en admettant difficilement l’idée d’abandonner un continent qui m’est cher.
En admettant encore plus difficilement l’idée de m’éloigner, toujours plus, de la plupart de celles et ceux que j’aime.
Toutes et tous qui le savez, je vous porte en moi chaque jour. Chaque minute, chaque seconde. Et, pour ainsi dire, chaque instant. En Amérique du Sud, même si nous n’évoluions pas toujours sous les mêmes étoiles, je me consolais face à l’absence, la distance et au silence relatifs en me disant que, quelque part, nous pouvions au moins contempler simultanément le même soleil. Parfois. Mais l’arrivée en Nouvelle-Zélande sonnera l’heure de la fin de partie. Du Game Over. Jusqu’à très récemment, je redoutais l’échec, le retour anticipé, le projet avorté. Aujourd’hui, après plus de 6 mois sur la route, c’est terminé. Mais une autre peur a fait insidieusement son apparition : la peur de l’oubli. Peur de partir trop loin, trop longtemps, de ne pas prendre conscience que la corde s’effile et de faire le pas de trop, celui qui me fera passer du statut d’être aimé à celui de vague connaissance dont on ne se souvient plus. Ou dont on ne souhaite plus se rappeler, cela s’entend...
— Au fait, t’as des nouvelles de Audesou ?
— Audesou ?! C’était pas le gars parti en tour du monde en 2012, là ? Tu sais où il est maintenant ?
— Aucune idée. Viens, on regarde !
— C’était quoi le nom de son blog, déjà ?
— Un truc du genre « Les Inconnus », « Je Marche Nu » ou « Je Te Croiserai Tard Dans La Rue ».
J’en ai peur, d’autant que l’aventure en Nouvelle-Zélande sera sans nul doute franchement différente de celle vécue jusqu’à présent. Plus qu’une nouvelle étape, c’est un nouveau voyage, un nouveau départ, qui s’annoncent. Et avec, probablement, une nouvelle ligne éditoriale sur ce carnet de route. Car voilà, pas sûr que nous pourrons publier ici régulièrement, une fois là-bas.
Pour le moment, voici l’idée. Suite à notre arrivée, nous devrions commencer par passer quelques jours à Auckland, grâce à l’amie Lina. Ensuite, afin d’éviter la ruine devant le coût exorbitant de la vie sur cette île, nous envisageons le camping et le stop comme principaux moyens de dormir et de nous déplacer. Vous savez tout.
Quelque part, j’ai hâte de savoir où La Piste Inconnue m’aura mené dans quelques semaines, quelques mois. Il y a fort à parier que ce plan aura été encore une fois chamboulé. et cela a à mes yeux quelque chose d’excitant. Jusqu’à présent, ce carnet de route porte bien son nom.
Mais je reste morose. Cette soirée à un arrière-gout de dernier jour de colonie de vacances. Je me sens un peu éteint à la pensée de devoir dire — une nouvelle fois — « Au revoir ». À la pensée de devoir tourner le dos au moins un temps à tous ces souvenirs, tous ces liens tissés ici, aux grands espaces, au lomo saltado, aux glaciers, aux volcans, aux soirées autour du feu, aux empanadas, à la beauté pétrifiante des argentines et des chiliennes, aux pick-ups à 4 portes, aux lamas, aux marchés locaux dont les mets succulents finissent par te détruire vilement les intestins, aux nuits à la belle étoile, au maté, aux douches froides, aux rencontres improbables, au papier hygiénique mais pas dans la cuvette, à la route 40, à sa sœur la route 3, aux couleurs, à la conduite à deux-cents à l’heure, aux treks, à la solitude que l’entourage ne peut pas apaiser, au presque bout du monde et au presque sommet, aux salars, à l’hospitalité, au vent, aux marches jusque ou depuis les terminaux de bus, au danger, au bingo Andesmar, au système D, aux baleines, aux œufs bouillis dans les geysers, aux bus plus confortables qu’une chambre d’hôtel, à l’espagnol teinté d’accents chantants, au mépris envers les étrangers, aux éclats de rire, aux grands doutes, à l’altitude, à la coca, aux dortoirs de 12, aux chambres triples, à la poussière, au voyage entre poules et moutons, au manque, à la musique, à la Patagonie, à l’eau trouble, à la Croix du Sud, aux négociations, à l’autostop au milieu de nulle part, aux pommes de douche électriques, aux œuvres sobrement magistrales des grands Damasio et Urasawa, à une forme de naïveté perdue, à la simplicité débordante.
Il n’a pas vraiment voyagé celui qui n’a jamais souffert du déracinement. Vous qui me lisez, vous qui prendrez la route ou non un jour, sachez que voyager au long cours, cela a un prix, et c’est surtout celui-ci. Laisser une partie d’innocence, un bout de soi, derrière, à chaque étape. Se perdre, se dissocier, se renouveler chaque jour. S’adapter. Devenir maître dans l’art de la reconstruction. Se griller les yeux, l’âme, le corps et le cœur de tous les bonheurs et malheurs insoupçonnés du monde. Craindre au fil des couchers du soleil l’abandon des siens. Gravir des sommets. Puis tomber de très haut. Souffrir. Serrer les dents. Se relever, encore. Avancer droit devant, toujours. Tourner inlassablement la page, couper un énième lien.
Et que l’on ne s’y habitue pas.
Nous partageons un certain nombre de choses avec vous, et cela aussi, vous avez le droit de le savoir. Alors j’écris cet article, le signe, te le dédie à toi très chère Éloïse, et le publie. Et je reviens bientôt. Avec le sourire.
Déjà 2 traces de pas sur « Ces questions que vous n’avez jamais osé nous poser »