Si La Piste Inconnue publie ces derniers jours à un rythme effréné, c’est parce que le départ vers un autre continent est imminent. Afin de voler l’esprit un peu plus libre depuis l’Amérique du Sud jusqu’à l’Océanie, nous terminons la rédaction du tome 1 avant d’entamer l’aventure du tome 2.
La dernière fiche pays, que vous n’avez probablement pas encore lue, et cela se comprend, était consacrée à la Bolivie. Aujourd’hui, c’est sur son extraordinaire voisine l’Argentine que nous allons nous attarder un moment.
Synthèse de notre aventure, anecdotes et autres conseils aux voyageurs...
Notre parcours
Nous avons effectué trois séjours en Argentine.
Premier séjour
Durant le premier, alors que nous étions en route vers Ushuaîa, nous avons opté pour le chemin suivant :
Puerto Igazù.
Buenos Aires.
Puerto Madryn.
Comodoro Rivadavia.
Rio Gallegos.
Ushuaïa.
Deuxième séjour
Durant le second, de retour du Chili, nous sommes remontés jusqu’à la région des lacs, en passant par :
El Calafate.
El Chaltén.
Los Antiguos.
El Bolsón.
Junín de los Andes.
Troisième séjour
Notre troisième et dernier séjour nous a permis de découvrir le nord-ouest argentin, selon l’itinéraire suivant :
Salta.
Cachi.
Cafayate.
Salta.
Pour en savoir plus sur notre parcours en Argentine, consultez la page « L’itinéraire ».
Ce que nous avons apprécié
La diversité des paysages entre déserts, montagnes, océan et glaciers.
La diversité des expériences entre travail, sport, rencontres et découvertes.
La beauté des femmes argentines.
Passer Noël à Ushuaïa.
Travailler en échange d’un toit et du couvert, des fermes aux auberges, en passant par les vergers.
Pour en savoir plus sur nos aventures en Argentine, consultez la catégorie « Argentine ».
Ce qui nous a interpelé
Les groupes d’israéliens qui envahissent rituellement le pays après l’armée.
La difficulté à trouver des fruits et des légumes, parfois.
La facilité à trouver de la viande rouge, tout le temps.
Le nécessaire à maté (thermos, eau chaude, bombilla, maté, yerba maté, etc.), qui est transporté partout, par les argentins.
L’accent argentin, reconnaissable entre tous car très particulier.
La Patagonie, et :
Sa vitesse sur les routes.
Ses paysages déserts à perte de vue, sur des milliers de kilomètres.
Son vent, qui couche facilement un camion.
Ses quatre saisons, dans la même heure.
Son hospitalité.
Son pétrole.
Le côté parfois très européen, parfois très sudaméricain.
Les rues des villes, tracées à la règle.
Le coût des transports.
Notre budget
Nous avons passé au total 68 jours en Argentine, répartis sur trois séjours.
Premier séjour
Le premier séjour de 32 jours s’est déroulé du 24/11 au 27/12/2012.
Total des dépenses à deux
1 669,68 €
Budget moyen quotidien à deux
52,18 €
Budget moyen quotidien par personne
26,09 €
Deuxième séjour
Le deuxième séjour de 29 jours s’est déroulé du 05/01 au 03/02/2013.
Total des dépenses à deux
941,95 €
Budget moyen quotidien à deux
32,48 €
Budget moyen quotidien par personne
16,24 €
Troisième séjour
Le deuxième séjour de 7 jours s’est déroulé du 30/04 au 06/05/2013.
Total des dépenses à deux
283,10 €
Budget moyen quotidien à deux
40,44 €
Budget moyen quotidien par personne
20,22 €
Les trois séjours cumulés
En cumulant les trois séjours, on obtient les résultats financiers suivants.
Total des dépenses à deux
2 894,73€
Budget moyen quotidien à deux
42,57 €
Budget moyen quotidien par personne
21,28 €
Avec la vingtaine d’euros par jour et par personne que l’on obtient au final ici, on pourrait penser que l’Argentine est un pays bon marché. Dans les faits, cela n’est pas le cas, et si ces chiffres ne sont pas trop élevés, c’est parce que l’Argentine a été pour nous le pays du voyage en stop, du travail en l’échange d’un toit et d’un repas, mais aussi celui des nuits passées à la belle étoile. Méfiez-vous de l’instabilité économique chronique du pays, de l’inflation non contrôlée, et, plus particulièrement, du coût des bus, très confortables, mais dont le prix est comparable à ceux pratiqués par la SNCF en France, lorsque l’on étudie le rapport coût/distance. De manière générale, la seule chose vraiment bon marché, en Argentine, c’est la viande rouge.
Notez également que, si l’on imagine une ligne verticale entre le nord et le sud de l’Argentine, le coût de la vie à l’extrême sud, en Terre de Feu, est comparable au coût de la vie en France, et diminue peu à peu à mesure que l’on remonte vers le nord, notamment côté bolivien.
L’unité monétaire de l’Argentine est le peso argentins ($).
Conseils aux voyageurs
Suite aux crises de 1989 et 2001, les argentins ne font plus confiance aux institutions bancaires. L’immense majorité des transactions par cartes bancaires sont taxées. En Argentine, on paie cash.
Veillez à retirer suffisamment de pesos argentins et à prévoir une marge de sécurité si vous vous apprêtez à partir vers des zones reculées. Le distributeur automatique le plus proche est parfois à des centaines de kilomètres dans ce pays immense.
Pour diverses raisons, il est très difficile de se procurer des dollars et des euros, lorsque l’on est argentin. La conséquence directe, c’est qu’en important ces devises rares, vous êtes en position de force lors des opérations de change. Si vous en avez la possibilité, profitez de cet état de fait pour virtuellement diminuer le coût de la vie en Argentine, à votre avantage.
Autre conséquence, il est très difficile de vendre ses pesos argentins, à l’extérieur du pays. Veillez à les écouler tant que vous êtes sur le territoire afin de ne pas être, au final, perdant.
En période économique « stable », l’Argentine n’est pas un pays dangereux. Soyez toutefois très attentif à Buenos Aires, qui n’est pas une ville sûre. Redoublez de vigilance la nuit et dans le quartier de La Boca.
Prévoyez des vêtements chauds, imperméables, et surtout coupes-vent, pour tout séjour en Patagonie. Quelle que soit la saison.
Une excellente manière pour se repérer à l’arrivée dans une nouvelle ville, c’est de monter au mirador (point de vue) dès le premier jour. Il y en a au moins un dans la quasi totalité des villes d’Argentine.
Peuplée de pick-ups et de gros véhicules en tous genres, l’Argentine est un excellent pays pour faire du stop. Mais armez-vous parfois de patience, et toujours d’eau et de vêtements chauds.
De nombreuses attractions touristiques proposent un prix pour les locaux et un prix différent, souvent beaucoup plus élevé, pour les étrangers. N’hésitez pas à vous intégrer à des groupes d’argentins lorsque vous le pouvez.
L’eau du robinet est potable dans la plupart des lieux.
Une bonne manière de négocier en Argentine est d’avancer le fait que l’on paiera cash et sur-le-champ.
Prenez le temps de vous imprégner des différents us et coutumes locaux. La culture en Terre de Feu est très différente de la culture de la région des lacs, elle-même très différente de la culture de la capitale.
Lorsqu’un argentin offre un maté à un étranger, il lui témoigne un grand respect, ainsi que son acceptation dans son groupe, sa famille, son espace vital. Refuser spontanément le maté tendu par une personne que vous ne connaissez pas ou peu est un très grand affront, qui blessera inévitablement votre interlocuteur, et le laissera dans l’incompréhension la plus totale.
Lors du rituel du maté, remercier celui qui vous sert signifie ne pas en souhaiter davantage, au prochain tour. Vous en voulez encore ? Ne dites rien.
Peu de repos pour les aventuriers de La Piste Inconnue depuis notre départ de Sucre, en Bolivie. Les paysages ont défilé rapidement derrière les vitres des bus. L’objectif lors de notre retour en Argentine, le 30 avril 2013, était de remettre les pieds à Santiago, au Chili, le 11 mai 2013, dans l’optique d’être sûrs d’être à l’heure pour prendre notre avion prévu le 14 mai 2013 pour la Nouvelle-Zélande, depuis cette même ville. Depuis la Bolivie, cela représente donc un sacré bout de chemin à parcourir pour parvenir jusqu’à Santiago, mais nous ne sommes pas fous, quelques arrêts dans des villes et une dernière grosse aventure étaient au programme pour pimenter un peu nos derniers jours dans le beau continent sud-américain.
Salta la Linda
Premier arrêt en Argentine : Salta, surnommée Salta la Linda (Salta la Belle), est une très belle ville située au nord-ouest de l’Argentine. C’est une cité qui nous a attirés, même avant le départ, grâce à quelques références incluses dans les textes des chansons de Keny Arkana, une rappeuse française aux paroles engagées et intéressantes.
Aucune déception en débarquant dans cette ville, avec notamment la vue magnifique offerte depuis le sommet d’une petite montagne située dans la périphérie de la ville. Non seulement sur la cité, mais également sur ses environs, vraiment somptueux, tout particulièrement grâce aux montagnes aux multiples couleurs situées aux alentours de Salta.
Nous ne sommes restés que deux jours dans cette ville, lors de cette première visite, du 30 avril au 2 mai 2013, juste dans le but de se promener un peu dans la ville, retrouver nos marques en Argentine — que nous avions quittée plus de trois mois auparavant — et préparer notre prochaine grosse aventure en autostop que nous souhaitions faire entre Cachi et Mendoza, que seuls quelques 1 200 kilomètres séparent.
Deux jours donc, puis nous prenions la direction de Cachi, située à environ quatre heures de bus, au sud-ouest de Salta.
Repos à Cachi
Cette destination n’était pas envisagée avant notre court séjour à Salta. C’est finalement sur recommandations des amis Pierre et Béné, puis de Olivia — une suissesse sympathique rencontrée dans notre auberge à Salta — que nous avons décidé de faire de Cachi notre prochaine étape.
Avant même de débarquer dans ce village, entre le 2 et 4 mai 2013, la nature nous offrait un panorama exceptionnel. Enfin, pour moi, qui l’admirait tranquillement assis derrière les vitres du bus qui nous conduisait à Cachi, tandis que Audesou somnolait non loin, ravagé par la maladie. Cactus et montagnes tantôt désertiques, tantôt couvertes de végétation verdoyante traversaient constamment mon champ de vision, un pur moment de plaisir.
Le village en lui-même n’a pas beaucoup d’intérêt, contrairement aux nombreuses randonnées à réaliser dans ses alentours.
Malheureusement, Audesou, fiévreux, a été contraint de rester au lit pour se préserver et se rétablir plus rapidement durant cette étape. Ce n’est pourtant pas son envie qui manquait, de pointer son nez dehors pour marcher un peu. C’est sûr, il reviendra ici.
De mon côté, je n’ai pas attendu le rétablissement de Audesou pour visiter le village, et notamment marcher jusqu’à un mirador situé non loin du village, qui m’a procuré une nouvelle fois une vue tout simplement sublime. Sur les conseils de Audesou, j’ai également été repéré l’emplacement de la célèbre route nationale 40 — route qui se déroule sur tout l’ouest de l’Argentine (sur plus de 5 000 kilomètres) — à la sortie du village. Ceci dans le but de savoir où nous positionner lors du début de notre aventure en stop, que nous commencions après ce passage à Cachi.
Aventure en stop avortée
Comme annoncé plusieurs fois dans cet article, nous avions pour objectif et envie de réaliser une nouvelle aventure en autostop, pour parcourir, sur la route 40, les 1 200 kilomètres qui nous séparaient de Mendoza, grande ville d’Argentine située à l’ouest du pays et à peu de choses près à la même latitude que Santiago, au Chili.
Notre souhait était donc de rejoindre Mendoza, depuis Cachi, en stop, pour d’un côté vivre une dernière grosse aventure au sein du territoire sud-américain, et pour éviter de débourser le moindre sou dans un bus argentin, vraiment hors budget pour des voyageurs au petit budget, comme nous. Pour donner un ordre de prix, le trajet le moins cher valait, au moment de notre présence, pas moins de 670 pesos argentins (environ 100 euros) par personne. Ensuite, depuis Mendoza, le plan était de prendre un bus, jusqu’à Santiago, car passer une frontière en stop, nous le savons par expérience, c’est possible, nous l’avons déjà fait plusieurs fois, mais c’est un peu comme éternuer et garder les yeux ouverts en même temps, ce n’est pas simple à réaliser. Le temps nous manquait, le bus était donc la solution la plus sage, à défaut d’être la plus économique.
C’est ainsi que le 4 mai 2013, sur les coups de 09:00, motivés au maximum et prêts à vivre une nouvelle grande et belle aventure — comme le fut celle vécue entre Puerto Madryn et Ushuaïa (environ 1 800 kilomètres en stop), en décembre dernier — nous posions nos sacs sur la route 40, à l’ombre de quelques arbres, le sourire aux lèvres et les pouces fièrement levés.
Cela a fait suite cependant à une légère déconvenue. En effet, nous avions rencontré la veille trois touristes français qui voyageaient dans une voiture de location jusqu’à Cafayate, notre première destination en stop. Audesou sauta sur cette occasion pour leur demander si nous pouvions les accompagner jusqu’à cette ville, cela nous aurait permis ainsi d’avancer très rapidement dès le premier jour. Surpris et sans doute pris un peu de court, ils ont accepté que nous essayions tous ensemble de monter le lendemain, vers 08:30, dans la voiture, avec tous nos bagages, pour tester si il y avait suffisamment de place. Quand on sait que nous avons déjà quatre sacs rien qu’entre Audesou et moi-même, et qu’ils ne voyageaient pas à vide, tout faire rentrer dans une petite Volkswagen Golf relevait du fantasme sans doute, mais qui ne tente rien n’à rien, comme on dit.
Le lendemain, ce fameux 4 mai 2013, premier jour de stop, nous étions comme convenu devant la voiture à 08:30. Mais pas les autres français, à peine en train de débuter leur petit déjeuner. Cela commençait déjà à ne pas sentir bon pour nous. Confirmation 10 minutes plus tard, lorsque le père de famille s’est approché de nous et nous a gentiment dit, d’une manière maladroite, que ce n’était pas la peine d’essayer, que la voiture était trop petite pour nous cinq. Nous le comprenions très bien, et pas abattus, 10 minutes plus tard, nous commencions notre aventure un peu plus loin.
160 kilomètres, c’est la distance parcourue durant cette première journée, à l’aide de deux courses. Vous me direz : c’est peu, surtout comparé aux énormes distances que nous avions réussi à réaliser en moyenne en une journée durant « L’opération Ushuaïa ». Parfois plus de 800 kilomètres. Mais ici, il faut le souligner, nous ne sommes pas en Patagonie argentine, les voitures sont bien moins nombreuses, celles qui acceptent des autostoppeurs le sont encore moins et surtout, il y a de nombreux villages parsemés le long de la route. De ce fait, les voitures, même quand elles vous prennent, ne vont en général pas très loin, souvent 30 ou 40 kilomètres plus loin.
Ce premier jour, nous étions donc tout heureux d’arriver à Cafayate, ville très touristique dans cette région argentine, notamment en raison des vignobles établis aux alentours de la ville. C’est d’ailleurs dans cette ville dans laquelle nos palais ont pu apprécier les meilleurs empanadas — cousin des salteñas, eux aussi sont de chaussons remplis de viande, fromage et divers autres choses, suivant les envies — de notre voyage. Un véritable festin : huit empanadas chacun, tous avec des goûts différents, et tous excellents. Nous retrouvions le goût, tant rêvé durant ce voyage, du bleu, ce fromage presque introuvable en Amérique du Sud. Un vrai feu d’artifice pour nos papilles.
Le 5 mai, deuxième jour de stop, fut bien plus compliqué que le précédent, et le mot est faible. Postés fièrement vers 08.00 à la sortie de la ville de Cafayate pour poursuivre notre stop, toujours en direction du sud et sur la route nationale 40, toujours malade pour Audesou, nous avons attendu et désespéré durant environ quatre heures, pour qu’une voiture s’arrête et accepte enfin de nous prendre gratuitement. C’est vraiment long, quatre heures, surtout quand il n’y a qu’une seule voiture qui vous croise toutes les 10 minutes. Les doutes nous envahissaient peu à peu, sur notre capacité à rallier Mendoza dans le temps prévu.
Nous étions en plus en quelque sorte dans l’obligation de réussir cette aventure, car durant cette période, une immense grève des bus longues distances avait lieu dans toute l’Argentine. De fait, le pays était presque paralysé, et notre solution de secours de prendre un bus sur la route pour rejoindre Mendoza dans les temps était réduite à néant. Dur dur, de se sentir obligé de réussir une telle aventure, quand on voyait comment nous galérions pour monter dans une voiture.
Mais le pire était à venir, lorsque nous nous sommes fait déposer 35 kilomètres seulement après avoir quitté Cafayate. Quatre heures d’attente, pour 35 kilomètres, je pense que vous imaginez très bien notre désarroi, lorsque la voiture nous a déposés dans le tout petit village de Colalao del Valle.
À peine le temps de manger quelques empanadas, dans le but de reprendre des forces et du poil de la bête, que nous nous postions déjà à la sortie de ce village, pour en ressortir au plus vite et avancer enfin. Mais la malédiction nous a poursuivis, et aucune voiture ne s’est arrêtée pour nous prendre gratuitement, durant environ les cinq heures où nous attendions sur le bord de la route. Les incertitudes sur le succès ou non de mener à bien cette aventure se sont transformées en certitudes : il nous fallait trouver une autre solution pour être sûrs de rejoindre Santiago dans les temps.
Nous avons alors opté pour une solution sage, un peu inquiets à l’idée de louper notre vol depuis Santiago : revenir en stop à Salta, et dénicher un bus pour aller jusqu’au Chili auprès d’une compagnie chilienne, malgré cette grève générale en Argentine, dont personne ne savait vraiment quand elle pourrait prendre fin. D’autant que, pour la même distance parcourue en bus, le prix du billet est trois à quatre fois plus cher en Argentine qu’au Chili. Pour nous, le calcul était rapide : autant redescendre par le Chili.
Je tiens cependant à ajouter qu’il est tout à fait possible de réussir à faire du stop dans cette région de l’Argentine. Il vous faut cependant une chose très importante quand vous vous lancez dans une telle aventure : du temps. C’est d’ailleurs une expérience que je retenterai sans doute un jour, car les paysages dans ces territoires sont d’une beauté incroyable.
Le retour sur Salta ne fut pas de tout repos non plus. Nous ne l’avions quittée que trois jours plus tôt, et déjà, notre souhait était de retrouver cette cité et quitter au plus tôt, mais à regrets, une Argentine prise en quelque sorte en otage, par cette grève des bus.
Sur les coups de 17:30, après cinq heures d’attente, nous changions donc de direction, pour nous rendre au bord de la route de la sortie nord de la ville, histoire de revenir à Cafayate avant la nuit. Nous pouvons considérer que pour cette fois, nous avons eu de la chance, une seule heure d’attente pour avoir le bonheur de monter à l’arrière d’un pick-up. Ce sont donc les cheveux au vent plutôt frais, que nous sommes revenus dès le soir du 5 mai 2013, dans la petite ville sympathique de Cafayate, après l’avoir quittée le matin.
Plus le temps de continuer notre route, le soleil montrait des premiers signes de fatigue. Plutôt que de dormir dans une auberge, nous avons préféré nous coucher à l’air libre, au pied d’un arbre, sur le bas-côté de la route nationale 40, au nord de Cafayate. La nuit fut bien froide, mais grâce aux petits sacs de couchage que nous avons toujours dans nos gros sacs à dos, la nuit fut plutôt bonne, pour une nuit passée à l’extérieur et sans tente, bien entendu.
Le lendemain, le 6 mai 2013, c’est de nouveau motivés que nous abordions cette nouvelle journée. Il le fallait, car seuls environ 180 kilomètres nous séparaient de Salta, mais dans cette région, nous savions à présent que cela pouvait nous prendre énormément de temps pour attraper une voiture qui va directement jusqu’à Salta, ce qui fut effectivement le cas. Plutôt que de revenir par la même route qu’à l’aller, nous avons opté pour faire du stop sur la route 68, qui relie également Cafayate et Salta, plus à l’est, et qui a posteriori, offre d’après-nous, les plus beaux paysages de la région.
Pour tout vous dire, avec Audesou, nous n’y croyions plus et il y a de quoi : sept heures d’attente en tout, pour décrocher notre course directe jusqu’à Salta. Je n’y croyais même pas, quand un couple argentin nous a acceptés dans son utilitaire. J’ai même cru voir une petite larme perler sur la joue gauche de Audesou, ou était-ce mon imagination ? Je ne sais pas, cela fera partie de la légende de La Piste Inconnue.
C’est légèrement mal installés, et parfois allongés dans le coffre sans sièges de l’utilitaire, que nous avons eu le bonheur de rejoindre Salta ce soir-là.
Objectif rempli, nouvelle mission : trouver un bus pour rejoindre le Chili.
À peine arrivés au terminal, plusieurs personnes nous accostaient déjà pour nous demander de partager les frais de taxis pour se rendre dans diverses villes argentines. Lorsque l’on connait les prix des bus argentins, on peut facilement imaginer qu’il faille casser son PEL (Plan Épargne Logement) pour s’offrir les services d’un taxi. Le partage de ces frais est alors une bonne solution pour conserver un peu d’argent pour continuer de voyager.
Audesou a d’ailleurs une astuce à partager avec vous : si un jour vous aussi vous vous retrouvez dans cette situation, et que vous recherchez des personnes pour partager les frais d’un taxi, n’hésitez pas à écrire sur une pancarte votre demande, et à vous poster directement dans un terminal de bus ou dans une gare, pour être le plus visible possible. Cette solution vous permettra sans aucun doute de maximiser vos chances de partir accompagné d’autres passagers.
La grève opérait toujours, nous le savions donc avant même de rentrer dans le terminal, avec tous ces voyageurs en détresse. Mais nous conservions un minime espoir de pouvoir prendre un bus pour le Chili, si nous trouvions une compagnie de bus chilienne dans le terminal, puisque la grève ne concernait que les compagnies de bus argentines. Et cet espoir ne fut pas vain, puisqu’après discussions, il s’est avéré qu’une compagnie de bus chilienne proposait effectivement des voyages jusqu’au Chili, sous le manteau. Le soulagement était bien présent, nous savions à présent que nous pouvions quitter l’Argentine d’ici quelques heures.
Seul hic, le bus était prévu le lendemain matin, le 7 mai 2013, à 07:00. Ce n’est pas l’envie qui nous manquait de dormir dans une auberge, mais dans l’optique d’économiser quelques pesos argentins pour rattraper l’achat des billets de bus, nous avons passé la nuit dans le terminal. Cette nuit fut bien moins reposante que la précédente, car pour veiller chacun sur l’autre et sur nos sacs, nous dormions chacun notre tour durant des cycles de 01:20, pour respecter quelque peu un cycle du sommeil. Trois cycles de sommeil plus tard chacun, nous étions dans le bus direction une ville bien connue sur cette piste : San Pedro de Atacama, au Chili. Le bus fut très confortable, l’un des meilleurs de tout notre voyage.
Le retour au Chili
Nous avions acheté des billets de bus pour aller à San Pedro de Atacama, au Chili. D’ici, nous souhaitions initialement reprendre un bus direct pour Santiago, dans la foulée. Problème, comme c’est souvent le cas lors du passage des frontières, notre bus, parti depuis Salta, avait accumulé un important retard une fois arrivé dans le village-oasis de San Pedro de Atacama, où nous ne souhaitions pas dormir, car il s’agit du village le plus cher du Chili.
Après avoir constaté que notre bus ne s’arrêtait pas là, et continuait sa route vers Calama, puis Antofagasta, sur la côte de l’océan Pacifique, Audesou proposa alors l’idée de bluffer et de rester dans le véhicule jusqu’à Calama, située à environ deux heures de route plus loin. De prendre le risque de payer une lourde amende. Cette technique fut parfaite, et, quoique malhonnête, nous permit d’économiser du temps, et bien entendu, de l’argent.
Je tiens à rajouter cependant que cette technique fut employée en grande partie parce que San Pedro de Atacama est un petit village situé dans le désert d’Atacama, le désert le plus aride du monde. Il ne fait donc pas bon de s’y arrêter la nuit sans auberge, qui elles, sont hors de prix. Nous ne sommes pas fiers d’avoir fraudé, et nous ne le referons pas, sauf en cas d’urgence. Ceci n’est donc pas une astuce, évitez de reproduire cette technique, sous peine de vous voir infliger une amende.
Après une nuit passée dans une auberge, à Calama, pour avoir enfin une vraie nuit dans un lit, la première depuis 3 jours, nous prenions un bus de 24 heures, direct vers Santiago. C’est d’ailleurs fou de constater que pour ce bus, par rapport au bus entre Salta et San Pedro de Atacama, nous avons payé (après négociation) deux fois moins pour deux fois plus d’heures de trajet. Les bus argentins vont finir par être vides si leurs prix continuent de grimper à plusieurs reprises par année comme c’est le cas en ce moment.
Notre arrivée dans Santiago, le 9 mai 2013 vers 11:00, fut un peu sportive avec environ une heure de marche chargés de tout notre équipement pour nous rendre dans notre auberge, excentrée par rapport au centre de la ville.
Depuis, nous patientons tranquillement dans cette dernière, notre avion est prévu le 14 mai 2013. Cela nous permet notamment de mettre à jour notre blog, tenir informés nos amis et familles de notre changement de continent, et de se reposer, avant de nouvelles aventures en Nouvelle-Zélande, qui se rapprochent à grand pas.
Avec l’Argentine, dont la fiche arrivera bientôt, la Bolivie a été l’un des deux gros coups de cœur lors du chapitre sudaméricain de notre aventure, qui se referme bientôt. Et c’est avec émotion que je réalise que je suis — déjà — en train d’en écrire ce soir la fiche de synthèse.
Pays aussi méconnu qu’incompris depuis le lointain et spectral « Vieux Continent », la Bolivie, c’est le pays de tous les extrêmes. Le dernier pays où le mot aventure ait encore un sens, ai-je entendu une nuit sur la route. Doit-on y croire ? Je n’en sais rien. Toujours est-il qu’en Bolivie, des souvenirs intenses, nous en avons forgé beaucoup. Bien plus que ceux que nous étions venus naïvement y chercher.
Synthèse de notre aventure, anecdotes et autres conseils aux voyageurs...
Notre parcours
Nous avons effectué deux séjours en Bolivie.
Premier séjour
Durant le premier, alors que nous étions en route vers le Pérou, nous avons opté pour le chemin suivant :
Huayllajara.
Uyuni.
Tupiza.
Sucre.
Sajama.
La Paz.
Sorata.
La Paz.
Second séjour
Durant le second, de retour vers Santiago (Chili), nous sommes passés par :
Yumani.
La Paz.
Sucre.
Pour en savoir plus sur notre parcours en Bolivie, consultez la page « L’itinéraire ».
Ce que nous avons apprécié
L’hospitalité des boliviens, et notamment les moments passés avec nos amis Jaime et Marcelo.
La diversité des paysages, des cultures et de la nature.
La couleur : partout, tout le temps.
La coca.
Manger bien, pour trois fois rien.
Dormir chez l’habitant à Sajama.
Marcher des heures entourés d’alpagas et de lamas.
Repousser nos limites physiques, en passant des semaines dans le froid à très haute altitude.
Tout notre parcours, à l’exception de Sorata, très décevante.
Pour en savoir plus sur nos aventures en Bolivie, consultez la catégorie « Bolivie ».
Ce qui nous a interpelé
La « pauvreté joyeuse ». Ici, tout le monde est pauvre, et ça ne fait rien, car tout le monde s’en fout.
Le réseau routier, peu développé.
Le manque de fiabilité et de ponctualité des transports en commun. C’est simple, en Bolivie, on ne sait jamais quand on part, jamais quand on arrive.
Le gros choc culturel ressenti à l’arrivée sur le territoire.
Les habits traditionnels.
Le manque d’hygiène. Qu’il s’agisse de l’hygiène corporelle, de l’hygiène en cuisine, ou de celle des lieux de vie, l’hygiène n’est clairement pas une priorité ici.
De fait, les troubles digestifs sont un rite de passage, en Bolivie. Vomissements ou diarrhée, choisissez votre style !
L’absence de prise en charge du processus de traitement des déchets, dans les villages isolés, où les décharges publiques sont encore plus nombreuses que les chiens errants.
Les manifestations quotidiennes, dans les grandes villes.
Les frites dans la soupe.
La difficulté à trouver une connexion Internet fiable. En 2013, nombreux sont ceux qui affirment qu’Internet est disponible partout. En réalité, pour peu que l’on s’écarte des autoroutes du tourisme, on se rend compte que c’est tout simplement faux.
Les vendeurs à la criée, très présents.
Les blocus qui paralysent totalement les grandes villes, au moins tous les deux mois.
Les bus coréens de deuxième main, que l’on rencontre à Sucre, sans que personne n’ait pris la peine de les repeindre ou au moins d’effacer les inscriptions coréennes qu’ici, personne ne comprend.
Les zèbres qui aident les habitants de Sucre et La Paz à traverser les rues.
Les cireurs de chaussures masqués de La Paz, un brin effrayants.
Les aymaras et les quechuas, majoritaires dès lors que l’on s’éloigne des grands foyers de peuplement.
Notre budget
Nous avons passé au total 44 jours en Bolivie, répartis sur deux séjours.
Premier séjour
Le premier séjour de 31 jours s’est déroulé du 27/02 au 31/03/2013.
Total des dépenses à deux
645,65 €
Budget moyen quotidien à deux
20,83 €
Budget moyen quotidien par personne
10,42 €
Second séjour
Le second séjour de 13 jours s’est déroulé du 17 au 29/04/2013.
Total des dépenses à deux
280,67 €
Budget moyen quotidien à deux
21,59 €
Budget moyen quotidien par personne
10,78 €
Les deux séjours cumulés
En cumulant les deux séjours, on obtient les résultats financiers suivants.
Total des dépenses à deux
926,32 €
Budget moyen quotidien à deux
21,05 €
Budget moyen quotidien par personne
10,53 €
On a coutume de dire que la Bolivie est le pays le plus bon marché d’Amérique du Sud. Eh bien, figurez-vous que c’est vrai ! Sans excès, nous avons vécu correctement avec une dizaine d’euros par jour et par personne, tout compris (hébergement, nourriture, transports, extras, etc.).
L’unité monétaire de la Bolivie est le boliviano (Bs).
Conseils aux voyageurs
Ne buvez pas l’eau du robinet.
Négociez tout, tout le temps, car on vous proposera par défaut un prix destiné aux étrangers. En revanche, respectez-vous, et respectez votre interlocuteur : ne passez pas dix minutes à négocier un rabais de 1 euro sur une nuit qui en vaut 4, par défaut.
Prenez les bus au dernier moment. En Bolivie, les terminaux de bus sont bondés de rabatteurs, qui interpellent les usagers en criant afin de remplir les bus au maximum, alors même que ces derniers sont parfois déjà en train de partir. Vous ne pourrez pas les louper. En achetant ainsi vos tickets au dernier moment, vous êtes en position de force pour négocier de massives réductions et vous êtes en plus certain qu’un bus sera bien présent de l’autre côté du ticket, ce qui n’est pas toujours le cas ici.
Plus que dans tout autre pays d’Amérique du Sud, les remerciements et marques de respect sont importants en Bolivie. Ne vous montrez jamais méprisant en ce qui concerne votre relative richesse par rapport à celle des habitants du pays.
Parler espagnol vous aidera a gagner la confiance de vos interlocuteurs. Si en plus vous avez la chance de porter des yeux bleus, vous partez déjà avec de bonnes longueurs d’avance,
Ne faites jamais aveuglément confiance aux vendeurs boliviens. N’hésitez pas à leur demander de manière assertive s’il vous mentent ou non. En général, ils ne vous mentiront pas deux fois.
Comme écrit plus haut, la Bolivie est le pays des extrêmes. Ne prenez pas un séjour dans ce pays à la légère, et veillez notamment à porter une attention particulière aux points suivants :
L’altitude L’Altiplano s’étend sur une bonne partie du pays, et la plupart des villes de l’ouest sont situées à plus de 3 000 mètres d’altitude. Si vous venez du niveau de la mer, veillez à vous acclimater progressivement pour éviter toutes complications liées au mal aigu des montagnes.
Le soleil Lié au point précédent. Les rayons UV sont bien plus intenses à des niveaux élevés. Pensez à vous protéger efficacement (chapeau, manches longues, crème solaire, etc.).
Le froid Lié à l’altitude également. Veillez à ne pas vous retrouver sans protection contre le froid, la nuit, sur l’Altiplano. Quelle que soit la période de l’année, la température y chute souvent en dessous de zéro, dès que le soleil se couche.
Le paludisme et la dengue En Bolivie, lorsque l’altitude n’est plus un problème, les moustiques prennent le relais. Veillez à prendre des mesures de protection contre le paludisme et la dengue dès lors que vous allez vagabonder dans l’est du pays, plus bas, et envahit par la jungle.
À garder à l’esprit si vous aimez marcher là où personne ne va : en Bolivie, il n’existe aucun service de secours en montagne. En cas de problème à haute altitude, vous ne pourrez pas compter sur l’aide d’un service spécialisé. Encore plus qu’ailleurs, soyez prudent, et évitez de partir seul.
Les détenteurs d’un passeport français reçoivent par défaut une autorisation de séjour de 30 jours, à l’entrée sur le territoire bolivien. Il est ensuite possible de renouveler gratuitement deux fois cette autorisation, par période de 12 mois calendaires. Pour cela, rendez-vous dans un bureau du service d’immigration. Il y en a un dans la plupart des grandes villes du pays.
La Bolivie est un pays franchement pauvre. Comme dans tous les pays pauvres, ayez conscience que vous susciterez inévitablement la convoitise. Soyez discret et veillez constamment sur vos papiers, votre équipement et votre argent.
Ne tentez pas de passer les frontières avec des feuilles de coca. Et sûrement pas la frontière chilienne.
Suite à notre visite approfondie de l’Isla del Sol, en Bolivie, nous avons continué notre route dans ce pays pour revenir quelques jours à Sucre. Ce retour était prévu pour rendre visite à notre ami Marcelo, rencontré lors de notre passage dans le tout petit village de Sajama. Il devait nous recevoir chez lui durant environ trois jours, pour nous faire découvrir sa ville, Sucre, et ses environs, loin des sentiers suivis par les touristes traditionnels.
Mais à une nouvelle reprise, ce plan fut un peu chamboulé. Pour cette fois, la cause était un blocus qui empêchait toute entrée ou sortie de véhicules à quatre roues dans ou depuis Sucre.
Explications.
Bref passage à La Paz
Avant de nous rendre à Sucre, La Piste Inconnue a dû faire de nouveau un passage à La Paz, pour la troisième fois, du 23 au 24 avril 2013, dans le but de prendre du temps pour mettre le blog à jour et répondre aux mails reçus durant notre séjour sur l’île, puisque nous n’avions pas Internet sur cette dernière.
Seulement une nuit passée dans cette capitale, mais ce fut amplement suffisant pour nous pour mettre à jour ce blog, manger de nouveau de très bons hamburgers à seulement 4 bolivianos chacun (environ 0,5 euros l’unité), et faire un stock de drapeaux à coudre (un pour chaque pays traversé sur La Piste) sur nos petits sacs à dos pour presque tout le reste de notre aventure. Nous avons même acheté plusieurs fils dans l’optique de réaliser des bracelets aux couleurs des pays visités.
Une nuit donc, et nous voici de nouveau sur la route direction Sucre, pour retrouver notre ami Marcelo. Mais ce trajet fut bien plus compliqué que prévu, comme vous allez pouvoir vous en apercevoir.
Le trajet vers Sucre
Initialement, nous devions prendre un bus direct entre La Paz et Sucre. De nombreuses compagnies proposent ce trajet, il n’y avait donc a priori aucun problème. Sauf que c’était sans compter sur les boliviens — jamais les derniers à se rassembler quand il s’agit de faire des manifestations — qui avaient commencé à faire un gros blocus pile le jour de notre trajet, autour de la ville de Sucre. En clair, des dizaines, voire des centaines de camions, bloquaient les quatre seules routes qui permettent d’accéder à la ville de Sucre. Aucun véhicule, autre que les motos ou scooters ne pouvaient entrer ou sortir de la ville. Les bus ne roulaient donc plus jusqu’à Sucre.
Nous avons donc dû trouver une solution alternative, puisque nous souhaitions malgré tout voir Marcelo, sans savoir si celui-ci était bloqué en dehors de ou dans Sucre.
Dans un premier temps, nous avons pris un bus depuis La Paz, jusqu’à la plus haute ville de plus de 100 000 habitants au monde : Potosí, située à environ trois heures au sud de Sucre. Depuis cette dernière, aucun bus non plus ne partait, mais des taxis faisaient tout de même le chemin jusqu’au premiers véhicules du blocus. Nous avons donc choisi ce moyen de locomotion, en compagnie de trois autres français, pour partager les frais du taxi : Clémence et Olivier, un couple qui réalise également un tour du monde avec le beau projet de faire découvrir aux enfants les différents sites classés par l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture), et la maman de Olivier, qui les avait rejoints pour quelques jours durant leur aventure. Pour en savoir plus sur leur projet, n’hésitez pas à consulter leur blog : kidstrotteurs.com. Grâce à une nouvelle négociation de Audesou, les taxis ont accepté de nous servir le prix bolivien, c’est-à-dire 50 bolivianos par personne (environ 6 euros).
Arrivés à ce fameux blocus, il ne nous restait plus qu’à marcher le long de tous les camions qui bloquaient la route. Plus de deux kilomètres de blocage, autant dire que lorsqu’ils souhaitent bloquer une route, les boliviens font les choses comme il le faut. 30 minutes plus tard, nous étions donc de l’autre côté du blocus, mais pas encore dans Sucre, dont le centre-ville était situé environ quatre kilomètres plus loin.
Une armée de taxi nous attendait de l’autre côté, mais il n’y avait aucune concurrence dans leurs prix : c’était 4 bolivianos par personne (environ 0,5 euros), non négociables. Toujours accompagnés des autres français, nous avons fait ce petit bout de route qui nous séparait de la ville. 20 minutes plus tard, nous étions sur la place principale de Sucre.
Le 25 avril 2013, nous passions le blocus, et nous pouvions donc enfin poser nos sacs dans la même auberge que celle choisie lors de notre premier passage, en attendant d’avoir des nouvelles de Marcelo.
Notre rencontre avec Marcelo
Peu après notre arrivée dans l’auberge, un mail de Marcelo nous a appris, à notre plus grande déception, qu’il était de son côté bloqué à Sucre depuis quelques jours, et qu’il souhaitait en repartir au plus vite pour reprendre son travail à Sajama. Cependant, il nous a malgré tout invités le lendemain de notre arrivée à le rejoindre pour passer quelques heures dans Sucre, histoire de bavarder de nouveau avec nous et dans l’optique de nous faire découvrir des endroits intéressants de la ville.
Ainsi, grâce à lui, nous avons eu le grand plaisir de déguster de délicieuses salteñas, une sorte de petit chausson farci de viande, fromage, ou autres bonnes choses. Il nous a également conduit dans le Parque Cretácico de Sucre, dans lequel nous avons pu observer de véritables empreintes de dinosaures, visibles sur une pente fortement inclinée par le mouvement des plaques tectoniques. C’était donc un plaisir pour nous de visiter ce parc, en compagnie de Marcelo, tout heureux de filmer avec ma petite caméra espion GoPro.
Mais le temps passé avec lui fut de courte durée, il devait en effet préparer ses affaires pour son départ le soir même, vers Sajama, à moto.
Nous sommes malgré tout heureux d’avoir pu échanger de nouveau avec lui durant quelques heures. Notre venue à Sucre ne fut pas vaine.
Merci à toi Marcelo, pour le temps que tu as pris pour nous accueillir de nouveau.
Le retour sur les terres argentines
Nous sommes au final restés cinq jours à Sucre, du 25 au 29 avril 2013. Nous avons en effet repoussé à plusieurs reprises notre départ, en espérant que le blocus prendrait fin, et pour attendre que nos états de santé respectifs s’améliorent. Nos intestins faisaient un peu la tête durant cette période.
Le 29 avril 2013, nous avons donc décidé de partir, afin de parcourir toute la route qui nous séparait de l’Argentine depuis Sucre. Et croyez-moi, c’était un très long chemin.
Nous avons dans un premier temps refait le chemin en taxi, jusqu’au blocus, puis sommes de nouveau passés au travers de tous les camions qui bloquaient la route (encore plus nombreux). Mais bonne nouvelle, des bus attendaient cette fois de l’autre côté pour prendre des passagers jusqu’à Potosí. Parfait, pour cette fois, nous n’avons payé que 15 bolivianos par personne (environ 2 euros).
Nous n’avions pas envie de rester une nuit à Potosí, ville aux allures repoussantes. Nous avons donc pris un bus, qui en partait, quelques heures après notre arrivée, pour aller directement jusqu’en Argentine, à Salta dans un premier temps, ville située au nord-ouest du pays. Il est bien plus avantageux d’acheter les billets de bus en Bolivie, même pour réaliser un bout de route en Argentine. Pour preuve, le billet qui nous a conduit de Potosí à Salta (environ 750 kilomètres de route) ne nous a coûté que 180 bolivianos par personne après négociation (environ 20 euros), pour faire environ 20 heures de bus en tout, alors que le seul trajet entre La Quiaca (ville-frontière entre la Bolivie et l’Argentine) et Salta coûtait à lui tout seul 150 pesos argentins (environ 22 euros), alors qu’il n’y a environ que 8 heures de bus pour relier ces deux villes.
Suite à plus d’une journée de voyage dans trois bus différents, nous étions enfin de retour en Argentine — un pays que nous aimons lui-aussi énormément — après plus de trois mois loin de ses terres.
La Piste Inconnue a connu ces derniers temps, depuis notre passage au Pérou, de nombreux changements de plans et de routes, pour revenir à Santiago, au Chili. La plupart du temps, ces changements étaient des adaptations imposées suite aux conditions rencontrées sur place (blocus d’une ville, grève des bus, etc.). Vous aurez l’occasion d’en apprendre davantage dans les prochains articles, mais pour le moment, voici l’histoire de notre premier gros changement d’itinéraire.
Changement d’itinéraire
Notre souhait initial était de continuer, après la visite du Machu Picchu, notre route au Pérou vers le nord, jusque dans la capitale, Lima. C’était le plan avant notre arrivée à Cuzco et surtout avant d’avoir regardé le nombre d’heures de bus qui séparent cette dernière de Lima. 20 heures, c’est le temps nécessaire pour relier ces deux villes. Autant vous le dire, lorsque nous avons appris cette nouvelle, la question ne s’est pas posée longtemps pour savoir si nous souhaitions toujours y aller ou non. 20 heures de bus, juste pour voir une grande ville, qui risquait grandement de ne pas nous plaire, comme ce fut le cas pour Santiago au Chili, étaient clairement trop pour nous pour envisager ce voyage. D’autant plus qu’il aurait fallu ensuite réaliser le chemin inverse, dans le but de revenir en Bolivie.
Le Machu Picchu fut donc pour nous l’étape située la plus au nord en Amérique du Sud. Ce choix de ne pas passer quelques jours à Lima fut au final une excellente idée dans l’optique de prendre plus de temps pour visiter quelques lieux encore inconnus pour nous en Bolivie ou en Argentine, et notamment l’Isla del Sol, située en Bolivie, notre premier stop sur ce chemin retour.
Visite de l’Isla del Sol
L’Isla del Sol est une petite île, située sur le lac Titicaca, du côté bolivien, à quelques kilomètres des côtes et notamment de Copacabana, ville très touristique dans cette région bolivienne.
Nous avons posé nos valises durant six nuits en tout, du 17 au 23 avril 2013, sur ce petit bout de terre, berceau de la civilisation inca. Chaque jour passé sur cette île était l’occasion pour nous de réaliser une magnifique randonnée. L’île n’a presque plus de secret pour nous à présent, tellement nous l’avons explorée dans ses moindres recoins, que cela soit au sud, à l’ouest, au nord ou à l’est. Même lorsqu’il n’y avait pas de chemin, nous n’hésitions pas à braver les dangers de la forêt ou des crêtes des montagnes pour continuer notre progression.
L’île est sublime, le temps que nous avons eu était magnifique, les personnes rencontrées étaient extrêmement sympathiques et de plus, c’était notre retour en Bolivie, pays que nous apprécions énormément, un véritable coup de cœur pour nous. Tout était donc réuni pour nous offrir une expérience extraordinaire sur cette île.
Nous avons même visité des ruines incas sur ce bout de terre. Les plus importantes, situées au nord, sont un peu à l’image de celles du Machu Picchu, en plus petites et authentiques. Il existe également un temple inca situé au sud, mais il était fermé au public lors de notre venue.
Sur cette île, il existe deux principales villes :
Challapampa, au nord.
Yumani, au sud.
La principale ville touristique est Challapampa, celle située au nord. De nombreux touristes visitent l’île sur seulement une journée. Ils arrivent dans cette ville, marchent sur la crête des montagnes (le chemin de randonnée principal) qui relie les deux principales villes, puis repartent depuis Yumani, la ville située au sud.
Vous vous en douterez, nous n’avons pas suivi ces touristes, et avons préféré séjourner dans Yumani, la ville située au sud. Cela nous a permis de réaliser nos randonnées dans le sens contraire par rapport aux autres marcheurs, ce qui nous permettait d’être toujours presque seuls, un vrai bonheur pour nous.
Si vous souhaitez vous aussi prendre le contre-pied par rapport à la majorité des personnes présentes sur l’île, je vous conseille de faire comme nous et de dormir dans une auberge à Yumani. Pas d’inquiétude, il y a de nombreux établissements, vous trouverez un endroit où dormir sans difficulté. Depuis cette ville, vous pourrez réaliser toutes les randonnées souhaitées, que cela soit au sud ou au nord.
La plus pratiquée, et selon moi la plus jolie en terme de paysages rencontrés, est celle qui évolue sur les crêtes des montagnes de l’île (le chemin de randonnée principal). Vous avez alors un excellent panorama de l’île et du lac Titicaca, bien plus à son avantage ici qu’à Puno, côté péruvien. Vous avez l’occasion de marcher, lors de cette randonnée, en plein cœur de forêts d’eucalyptus, dans lesquels l’air respiré est chargé d’une odeur agréable bien caractéristique de ces arbres.
Il existe une petite subtilité sur cette île, dont le territoire est divisé entre deux communautés : vous devez payer un droit de passage pour visiter le sud et un autre pour visiter le nord, car ces deux parties ne s’apprécient pas entres elles. 5 bolivianos sont nécessaires pour visiter la partie sud, sans limite de temps. La partie nord, en revanche, est bien moins conciliante et fait payer 15 bolivianos à chaque personne qui souhaite visiter ses terres. De plus, le ticket reçu n’a une durée de validité que de deux jours, d’après les contrôleurs. Ce n’est pas indiqué sur les billets, donc n’hésitez pas à négocier, comme nous, afin d’obtenir plus de jours de visite, si nécessaire. Nous avons réussi pour notre part à obtenir cinq jours de visite. Enfin, c’est ce que nous avions convenu avec le contrôleur présent au point de contrôle, et qui l’avait écrit directement sur notre billet. Mais lors de notre passage le cinquième jour, cet homme, malhonnête nous demanda malgré tout de payer 10 nouveaux bolivianos chacun. Impossible pour nous à ce moment-là de discuter avec lui, il faisait semblant de ne pas nous écouter et comprendre. Nous avons donc choisi avec Audesou de passer outre sa demande abusive, et de continuer notre chemin malgré tout. Cet homme, assez âgé, ne nous a pas poursuivi, et nous avons pu rentrer dans notre auberge de Yumani tranquillement.
Un jour avant la fin de notre séjour sur cette île, à Audesou et moi-même, Samantha a fait ses bagages dans le but de faire un petit bout de route toute seule, en Bolivie. Aucun problème entre nous trois, elle a même décidé de nous suivre en Nouvelle-Zélande, quand son idée originale était de continuer son chemin en Amérique du Sud jusqu’en Amérique centrale. Ce départ s’explique par le fait que son avion pour rejoindre la Nouvelle-Zélande, est prévu une semaine et demie après le nôtre. Elle ne voulait pas se retrouver seule pendant plus d’une semaine à Santiago. Elle a donc choisi de nous quitter plus tôt pour faire plus de chemin en Bolivie. N’ayez pas peur, nous la retrouverons à Auckland, en Nouvelle Zélande.
Au final, ces six jours passés sur l’île n’étaient pas de trop, dans l’optique de marcher dans toutes les zones offertent aux marcheurs. Nous ne nous sommes pas ennuyés une seule seconde, et sommes ravis d’avoir choisi d’y séjourner six nuits, qui doit être un record de longévité pour des étrangers sur ce petit bout de terre. Nous commencions même à avoir nos habitudes dans un restaurant à la fin de notre séjour, c’est pour dire.
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