Retour au Chili

Publié par Koonshu, le 14 mai 2013 à 01:21

Peu de repos pour les aventuriers de La Piste Inconnue depuis notre départ de Sucre, en Bolivie. Les paysages ont défilé rapidement derrière les vitres des bus. L’objectif lors de notre retour en Argentine, le 30 avril 2013, était de remettre les pieds à Santiago, au Chili, le 11 mai 2013, dans l’optique d’être sûrs d’être à l’heure pour prendre notre avion prévu le 14 mai 2013 pour la Nouvelle-Zélande, depuis cette même ville. Depuis la Bolivie, cela représente donc un sacré bout de chemin à parcourir pour parvenir jusqu’à Santiago, mais nous ne sommes pas fous, quelques arrêts dans des villes et une dernière grosse aventure étaient au programme pour pimenter un peu nos derniers jours dans le beau continent sud-américain.

Salta la Linda

Premier arrêt en Argentine : Salta, surnommée Salta la Linda (Salta la Belle), est une très belle ville située au nord-ouest de l’Argentine. C’est une cité qui nous a attirés, même avant le départ, grâce à quelques références incluses dans les textes des chansons de Keny Arkana, une rappeuse française aux paroles engagées et intéressantes.

Aucune déception en débarquant dans cette ville, avec notamment la vue magnifique offerte depuis le sommet d’une petite montagne située dans la périphérie de la ville. Non seulement sur la cité, mais également sur ses environs, vraiment somptueux, tout particulièrement grâce aux montagnes aux multiples couleurs situées aux alentours de Salta.

Retour au Chili #1

Nous ne sommes restés que deux jours dans cette ville, lors de cette première visite, du 30 avril au 2 mai 2013, juste dans le but de se promener un peu dans la ville, retrouver nos marques en Argentine — que nous avions quittée plus de trois mois auparavant — et préparer notre prochaine grosse aventure en autostop que nous souhaitions faire entre Cachi et Mendoza, que seuls quelques 1 200 kilomètres séparent.

Deux jours donc, puis nous prenions la direction de Cachi, située à environ quatre heures de bus, au sud-ouest de Salta.

Repos à Cachi

Cette destination n’était pas envisagée avant notre court séjour à Salta. C’est finalement sur recommandations des amis Pierre et Béné, puis de Olivia — une suissesse sympathique rencontrée dans notre auberge à Salta — que nous avons décidé de faire de Cachi notre prochaine étape.

Avant même de débarquer dans ce village, entre le 2 et 4 mai 2013, la nature nous offrait un panorama exceptionnel. Enfin, pour moi, qui l’admirait tranquillement assis derrière les vitres du bus qui nous conduisait à Cachi, tandis que Audesou somnolait non loin, ravagé par la maladie. Cactus et montagnes tantôt désertiques, tantôt couvertes de végétation verdoyante traversaient constamment mon champ de vision, un pur moment de plaisir.

Le village en lui-même n’a pas beaucoup d’intérêt, contrairement aux nombreuses randonnées à réaliser dans ses alentours.

Malheureusement, Audesou, fiévreux, a été contraint de rester au lit pour se préserver et se rétablir plus rapidement durant cette étape. Ce n’est pourtant pas son envie qui manquait, de pointer son nez dehors pour marcher un peu. C’est sûr, il reviendra ici.

De mon côté, je n’ai pas attendu le rétablissement de Audesou pour visiter le village, et notamment marcher jusqu’à un mirador situé non loin du village, qui m’a procuré une nouvelle fois une vue tout simplement sublime. Sur les conseils de Audesou, j’ai également été repéré l’emplacement de la célèbre route nationale 40 — route qui se déroule sur tout l’ouest de l’Argentine (sur plus de 5 000 kilomètres) — à la sortie du village. Ceci dans le but de savoir où nous positionner lors du début de notre aventure en stop, que nous commencions après ce passage à Cachi.

Retour au Chili #2

Aventure en stop avortée

Comme annoncé plusieurs fois dans cet article, nous avions pour objectif et envie de réaliser une nouvelle aventure en autostop, pour parcourir, sur la route 40, les 1 200 kilomètres qui nous séparaient de Mendoza, grande ville d’Argentine située à l’ouest du pays et à peu de choses près à la même latitude que Santiago, au Chili.

Notre souhait était donc de rejoindre Mendoza, depuis Cachi, en stop, pour d’un côté vivre une dernière grosse aventure au sein du territoire sud-américain, et pour éviter de débourser le moindre sou dans un bus argentin, vraiment hors budget pour des voyageurs au petit budget, comme nous. Pour donner un ordre de prix, le trajet le moins cher valait, au moment de notre présence, pas moins de 670 pesos argentins (environ 100 euros) par personne. Ensuite, depuis Mendoza, le plan était de prendre un bus, jusqu’à Santiago, car passer une frontière en stop, nous le savons par expérience, c’est possible, nous l’avons déjà fait plusieurs fois, mais c’est un peu comme éternuer et garder les yeux ouverts en même temps, ce n’est pas simple à réaliser. Le temps nous manquait, le bus était donc la solution la plus sage, à défaut d’être la plus économique.

C’est ainsi que le 4 mai 2013, sur les coups de 09:00, motivés au maximum et prêts à vivre une nouvelle grande et belle aventure — comme le fut celle vécue entre Puerto Madryn et Ushuaïa (environ 1 800 kilomètres en stop), en décembre dernier — nous posions nos sacs sur la route 40, à l’ombre de quelques arbres, le sourire aux lèvres et les pouces fièrement levés.

Cela a fait suite cependant à une légère déconvenue. En effet, nous avions rencontré la veille trois touristes français qui voyageaient dans une voiture de location jusqu’à Cafayate, notre première destination en stop. Audesou sauta sur cette occasion pour leur demander si nous pouvions les accompagner jusqu’à cette ville, cela nous aurait permis ainsi d’avancer très rapidement dès le premier jour. Surpris et sans doute pris un peu de court, ils ont accepté que nous essayions tous ensemble de monter le lendemain, vers 08:30, dans la voiture, avec tous nos bagages, pour tester si il y avait suffisamment de place. Quand on sait que nous avons déjà quatre sacs rien qu’entre Audesou et moi-même, et qu’ils ne voyageaient pas à vide, tout faire rentrer dans une petite Volkswagen Golf relevait du fantasme sans doute, mais qui ne tente rien n’à rien, comme on dit.

Le lendemain, ce fameux 4 mai 2013, premier jour de stop, nous étions comme convenu devant la voiture à 08:30. Mais pas les autres français, à peine en train de débuter leur petit déjeuner. Cela commençait déjà à ne pas sentir bon pour nous. Confirmation 10 minutes plus tard, lorsque le père de famille s’est approché de nous et nous a gentiment dit, d’une manière maladroite, que ce n’était pas la peine d’essayer, que la voiture était trop petite pour nous cinq. Nous le comprenions très bien, et pas abattus, 10 minutes plus tard, nous commencions notre aventure un peu plus loin.

160 kilomètres, c’est la distance parcourue durant cette première journée, à l’aide de deux courses. Vous me direz : c’est peu, surtout comparé aux énormes distances que nous avions réussi à réaliser en moyenne en une journée durant « L’opération Ushuaïa ». Parfois plus de 800 kilomètres. Mais ici, il faut le souligner, nous ne sommes pas en Patagonie argentine, les voitures sont bien moins nombreuses, celles qui acceptent des autostoppeurs le sont encore moins et surtout, il y a de nombreux villages parsemés le long de la route. De ce fait, les voitures, même quand elles vous prennent, ne vont en général pas très loin, souvent 30 ou 40 kilomètres plus loin.

Retour au Chili #3
Retour au Chili #4

Ce premier jour, nous étions donc tout heureux d’arriver à Cafayate, ville très touristique dans cette région argentine, notamment en raison des vignobles établis aux alentours de la ville. C’est d’ailleurs dans cette ville dans laquelle nos palais ont pu apprécier les meilleurs empanadas — cousin des salteñas, eux aussi sont de chaussons remplis de viande, fromage et divers autres choses, suivant les envies — de notre voyage. Un véritable festin : huit empanadas chacun, tous avec des goûts différents, et tous excellents. Nous retrouvions le goût, tant rêvé durant ce voyage, du bleu, ce fromage presque introuvable en Amérique du Sud. Un vrai feu d’artifice pour nos papilles.

Le 5 mai, deuxième jour de stop, fut bien plus compliqué que le précédent, et le mot est faible. Postés fièrement vers 08.00 à la sortie de la ville de Cafayate pour poursuivre notre stop, toujours en direction du sud et sur la route nationale 40, toujours malade pour Audesou, nous avons attendu et désespéré durant environ quatre heures, pour qu’une voiture s’arrête et accepte enfin de nous prendre gratuitement. C’est vraiment long, quatre heures, surtout quand il n’y a qu’une seule voiture qui vous croise toutes les 10 minutes. Les doutes nous envahissaient peu à peu, sur notre capacité à rallier Mendoza dans le temps prévu.

Retour au Chili #5

Nous étions en plus en quelque sorte dans l’obligation de réussir cette aventure, car durant cette période, une immense grève des bus longues distances avait lieu dans toute l’Argentine. De fait, le pays était presque paralysé, et notre solution de secours de prendre un bus sur la route pour rejoindre Mendoza dans les temps était réduite à néant. Dur dur, de se sentir obligé de réussir une telle aventure, quand on voyait comment nous galérions pour monter dans une voiture.

Mais le pire était à venir, lorsque nous nous sommes fait déposer 35 kilomètres seulement après avoir quitté Cafayate. Quatre heures d’attente, pour 35 kilomètres, je pense que vous imaginez très bien notre désarroi, lorsque la voiture nous a déposés dans le tout petit village de Colalao del Valle.

À peine le temps de manger quelques empanadas, dans le but de reprendre des forces et du poil de la bête, que nous nous postions déjà à la sortie de ce village, pour en ressortir au plus vite et avancer enfin. Mais la malédiction nous a poursuivis, et aucune voiture ne s’est arrêtée pour nous prendre gratuitement, durant environ les cinq heures où nous attendions sur le bord de la route. Les incertitudes sur le succès ou non de mener à bien cette aventure se sont transformées en certitudes : il nous fallait trouver une autre solution pour être sûrs de rejoindre Santiago dans les temps.

Nous avons alors opté pour une solution sage, un peu inquiets à l’idée de louper notre vol depuis Santiago : revenir en stop à Salta, et dénicher un bus pour aller jusqu’au Chili auprès d’une compagnie chilienne, malgré cette grève générale en Argentine, dont personne ne savait vraiment quand elle pourrait prendre fin. D’autant que, pour la même distance parcourue en bus, le prix du billet est trois à quatre fois plus cher en Argentine qu’au Chili. Pour nous, le calcul était rapide : autant redescendre par le Chili.

Je tiens cependant à ajouter qu’il est tout à fait possible de réussir à faire du stop dans cette région de l’Argentine. Il vous faut cependant une chose très importante quand vous vous lancez dans une telle aventure : du temps. C’est d’ailleurs une expérience que je retenterai sans doute un jour, car les paysages dans ces territoires sont d’une beauté incroyable.

Le retour sur Salta ne fut pas de tout repos non plus. Nous ne l’avions quittée que trois jours plus tôt, et déjà, notre souhait était de retrouver cette cité et quitter au plus tôt, mais à regrets, une Argentine prise en quelque sorte en otage, par cette grève des bus.

Sur les coups de 17:30, après cinq heures d’attente, nous changions donc de direction, pour nous rendre au bord de la route de la sortie nord de la ville, histoire de revenir à Cafayate avant la nuit. Nous pouvons considérer que pour cette fois, nous avons eu de la chance, une seule heure d’attente pour avoir le bonheur de monter à l’arrière d’un pick-up. Ce sont donc les cheveux au vent plutôt frais, que nous sommes revenus dès le soir du 5 mai 2013, dans la petite ville sympathique de Cafayate, après l’avoir quittée le matin.

Retour au Chili #6

Plus le temps de continuer notre route, le soleil montrait des premiers signes de fatigue. Plutôt que de dormir dans une auberge, nous avons préféré nous coucher à l’air libre, au pied d’un arbre, sur le bas-côté de la route nationale 40, au nord de Cafayate. La nuit fut bien froide, mais grâce aux petits sacs de couchage que nous avons toujours dans nos gros sacs à dos, la nuit fut plutôt bonne, pour une nuit passée à l’extérieur et sans tente, bien entendu.

Le lendemain, le 6 mai 2013, c’est de nouveau motivés que nous abordions cette nouvelle journée. Il le fallait, car seuls environ 180 kilomètres nous séparaient de Salta, mais dans cette région, nous savions à présent que cela pouvait nous prendre énormément de temps pour attraper une voiture qui va directement jusqu’à Salta, ce qui fut effectivement le cas. Plutôt que de revenir par la même route qu’à l’aller, nous avons opté pour faire du stop sur la route 68, qui relie également Cafayate et Salta, plus à l’est, et qui a posteriori, offre d’après-nous, les plus beaux paysages de la région.

Pour tout vous dire, avec Audesou, nous n’y croyions plus et il y a de quoi : sept heures d’attente en tout, pour décrocher notre course directe jusqu’à Salta. Je n’y croyais même pas, quand un couple argentin nous a acceptés dans son utilitaire. J’ai même cru voir une petite larme perler sur la joue gauche de Audesou, ou était-ce mon imagination ? Je ne sais pas, cela fera partie de la légende de La Piste Inconnue.

C’est légèrement mal installés, et parfois allongés dans le coffre sans sièges de l’utilitaire, que nous avons eu le bonheur de rejoindre Salta ce soir-là.

Retour au Chili #7

Objectif rempli, nouvelle mission : trouver un bus pour rejoindre le Chili.

À peine arrivés au terminal, plusieurs personnes nous accostaient déjà pour nous demander de partager les frais de taxis pour se rendre dans diverses villes argentines. Lorsque l’on connait les prix des bus argentins, on peut facilement imaginer qu’il faille casser son PEL (Plan Épargne Logement) pour s’offrir les services d’un taxi. Le partage de ces frais est alors une bonne solution pour conserver un peu d’argent pour continuer de voyager.

Audesou a d’ailleurs une astuce à partager avec vous : si un jour vous aussi vous vous retrouvez dans cette situation, et que vous recherchez des personnes pour partager les frais d’un taxi, n’hésitez pas à écrire sur une pancarte votre demande, et à vous poster directement dans un terminal de bus ou dans une gare, pour être le plus visible possible. Cette solution vous permettra sans aucun doute de maximiser vos chances de partir accompagné d’autres passagers.

La grève opérait toujours, nous le savions donc avant même de rentrer dans le terminal, avec tous ces voyageurs en détresse. Mais nous conservions un minime espoir de pouvoir prendre un bus pour le Chili, si nous trouvions une compagnie de bus chilienne dans le terminal, puisque la grève ne concernait que les compagnies de bus argentines. Et cet espoir ne fut pas vain, puisqu’après discussions, il s’est avéré qu’une compagnie de bus chilienne proposait effectivement des voyages jusqu’au Chili, sous le manteau. Le soulagement était bien présent, nous savions à présent que nous pouvions quitter l’Argentine d’ici quelques heures.

Seul hic, le bus était prévu le lendemain matin, le 7 mai 2013, à 07:00. Ce n’est pas l’envie qui nous manquait de dormir dans une auberge, mais dans l’optique d’économiser quelques pesos argentins pour rattraper l’achat des billets de bus, nous avons passé la nuit dans le terminal. Cette nuit fut bien moins reposante que la précédente, car pour veiller chacun sur l’autre et sur nos sacs, nous dormions chacun notre tour durant des cycles de 01:20, pour respecter quelque peu un cycle du sommeil. Trois cycles de sommeil plus tard chacun, nous étions dans le bus direction une ville bien connue sur cette piste : San Pedro de Atacama, au Chili. Le bus fut très confortable, l’un des meilleurs de tout notre voyage.

Le retour au Chili

Nous avions acheté des billets de bus pour aller à San Pedro de Atacama, au Chili. D’ici, nous souhaitions initialement reprendre un bus direct pour Santiago, dans la foulée. Problème, comme c’est souvent le cas lors du passage des frontières, notre bus, parti depuis Salta, avait accumulé un important retard une fois arrivé dans le village-oasis de San Pedro de Atacama, où nous ne souhaitions pas dormir, car il s’agit du village le plus cher du Chili.

Après avoir constaté que notre bus ne s’arrêtait pas là, et continuait sa route vers Calama, puis Antofagasta, sur la côte de l’océan Pacifique, Audesou proposa alors l’idée de bluffer et de rester dans le véhicule jusqu’à Calama, située à environ deux heures de route plus loin. De prendre le risque de payer une lourde amende. Cette technique fut parfaite, et, quoique malhonnête, nous permit d’économiser du temps, et bien entendu, de l’argent.

Je tiens à rajouter cependant que cette technique fut employée en grande partie parce que San Pedro de Atacama est un petit village situé dans le désert d’Atacama, le désert le plus aride du monde. Il ne fait donc pas bon de s’y arrêter la nuit sans auberge, qui elles, sont hors de prix. Nous ne sommes pas fiers d’avoir fraudé, et nous ne le referons pas, sauf en cas d’urgence. Ceci n’est donc pas une astuce, évitez de reproduire cette technique, sous peine de vous voir infliger une amende.

Après une nuit passée dans une auberge, à Calama, pour avoir enfin une vraie nuit dans un lit, la première depuis 3 jours, nous prenions un bus de 24 heures, direct vers Santiago. C’est d’ailleurs fou de constater que pour ce bus, par rapport au bus entre Salta et San Pedro de Atacama, nous avons payé (après négociation) deux fois moins pour deux fois plus d’heures de trajet. Les bus argentins vont finir par être vides si leurs prix continuent de grimper à plusieurs reprises par année comme c’est le cas en ce moment.

Notre arrivée dans Santiago, le 9 mai 2013 vers 11:00, fut un peu sportive avec environ une heure de marche chargés de tout notre équipement pour nous rendre dans notre auberge, excentrée par rapport au centre de la ville.

Depuis, nous patientons tranquillement dans cette dernière, notre avion est prévu le 14 mai 2013. Cela nous permet notamment de mettre à jour notre blog, tenir informés nos amis et familles de notre changement de continent, et de se reposer, avant de nouvelles aventures en Nouvelle-Zélande, qui se rapprochent à grand pas.

Vous aussi, laissez vos traces sur la piste...