Second rendez-vous à l’Institut Pasteur

Publié par Koonshu, le 6 septembre 2012 à 00:24

Cet article fait suite au second rendez-vous que nous avons eu à l’Institut Pasteur, le jeudi 30 août à 10 h. Rendez-vous lors duquel nous avons rencontré le même médecin que lors de notre premier rendez-vous à l’Institut, le docteur Yann Kieffer. Et comme lors de notre premier passage, ce médecin nous a laissé une très bonne impression. Il est calme, à l’écoute et prend son temps pour bien nous expliquer les différents points à connaître au niveau de la médecine lorsque l’on fait un tour du monde. Voici un résumé de cette entretien.

Le paludisme

Le paludisme, également appelé la malaria, est une maladie infectieuse due à un parasite transmis par les moustiques. Si elle n’est pas traitée, elle peut être mortelle. Heureusement pour nous en France, le paludisme a disparu depuis les années 1960. Ce n’est pas le cas pour tous les pays dans le monde, loin de là.

Zones impaludées

Voici une carte qui résume les zones plus ou moins touchées par cette maladie (les zones rouges foncées étant les plus contaminées) :

Nous pouvons observer que le paludisme est répandu dans beaucoup de pays et continents. L’OMS (L’Organisation Mondiale de la Santé) distingue 3 zones pour différencier les régions les plus ou moins touchées par cette maladie. Ces zones vont de 1 à 3, 3 étant celle la plus touchée et la plus dangereuse. Sur la carte, la zone 1 correspond à la couleur beige, la zone 2 à la couleur rouge claire et enfin la zone 3 correspond à la couleur rouge foncée. Lorsque l’on compare ces zones avec notre parcours prévisionnel, nous constatons qu’il faudra principalement faire attention à cette maladie en Asie, puisque celle-ci est présente dans presque tous les pays traversés dans cette région du globe. Il faudra également rester sur notre garde en Amérique du Sud. Quelques pays comme le Brésil ou le Pérou sont touchés, mais c’est surtout l’Amazonie qui est infectée. Nous n’irons pas ou peu dans cette région, ce n’est donc pas très gênant pour nous, mais il est préférable de l’avoir en tête, au cas où nous ferions une expédition dans cet immense territoire.
Voici une liste des pays que nous sommes susceptibles de traverser et qui sont impaludés :

  • Brésil (principalement la partie amazonienne ainsi que la région où sont situées les chutes d’eau d’Iguazú).
  • Paraguay.
  • Pérou.
  • Inde.
  • Indonésie.
  • Laos.
  • Myanmar.
  • Népal.
  • Thaïlande.
  • Viêt Nam.

Symptômes

Les symptômes de cette maladie sont très diversifiés, ce qui complique son diagnostic. En voici une liste non exhaustive :

  • Fièvre (consulter un médecin dès le début d’une fièvre dans tous les cas).
  • Douleurs au ventre.
  • Courbatures.
  • Perte d’appétit.
  • Vertiges.
  • Maux de tête.
  • Nausées.
  • Diarrhée.

La période d’incubation du paludisme est de 7 jours. Cela implique par exemple que si la fièvre se déclare après avoir passé 2 jours dans une zone impaludée, c’est a priori signe que la maladie n’en est pas la cause. Cela n’empêche pas cependant de consulter un médecin pour connaître la raison de cette fièvre. De manière générale, il est fortement conseillé de consulter un médecin lorsqu’une fièvre se déclare et ce, même plusieurs mois après être revenu en France.

Solutions pour se protéger du paludisme

Il n’existe malheureusement pas de vaccin pour se prémunir contre cette maladie. La meilleure solution reste donc la prévention contre les moustiques. Sans piqure, il n’y a pas de risque d’être infecté. Mais ce n’est pas simple de se protéger des moustiques, qui frappent principalement le soir et la nuit. Voici quelques conseils de base :

  • Utiliser des insecticides sur la peau et sur les vêtements.
  • Porter des vêtements pour couvrir la peau.
  • Utiliser une moustiquaire durant la nuit.

Il existe également des médicaments pour se protéger et atténuer la gravité de la maladie. Dans notre cas, notre médecin nous a prescrit deux médicaments :

  • Malarone : 1 comprimé à prendre par jour à partir de l’entrée dans la zone à risque, à heure fixe, pendant un repas riche en graisses. Il faut continuer à prendre le traitement durant 7 jours après avoir quitté la zone impaludée à cause de la période d’incubation. En cas de traitement curatif (c’est-à-dire après l’apparition des symptômes), il faut alors en prendre 4 par jour pendant 3 jours.
  • Doxycycline : 1 comprimé à prendre par jour à partir de l’entrée dans la zone à risque, pendant le repas du soir, au moins une heure avant le coucher. Il faut continuer ce traitement pendant une durée de 4 semaines après avoir quitté la zone infectée.

Petit réjouissance, en période de grand vent, les moustiques sont beaucoup moins présents donc il y a potentiellement moins de risque. Et encore mieux, en montagne, à partir de 1500 m, les moustiques commencent à ne plus supporter l’altitude et sont donc beaucoup moins nombreux. À 2000 m, tous les moustiques ont disparu. Il n’y a donc plus de risque et l’attention peut être relâchée.

Autres maladies

De nombreuses autres maladies sont véhiculées par ces irréductibles moustiques. Sur notre chemin, la dengue et le chikungunya seront les deux autres principales maladies à prendre en compte. Les symptômes et les méthodes de protection sont grosso modo les mêmes que ceux du paludisme.

Thermomètre

Élément indispensable de la trousse à pharmacie, il faut bien le choisir. Il est conseillé d’emporter un thermomètre électronique plutôt qu’au mercure, car il sera plus facilement transportable. Pour une question d’hygiène et de pratique, il est préférable de prendre la température sous les aisselles. Dans ce cas, il faut en général ajouter 0,5 oC à la température indiquée, mais cela n’empêche pas de regarder la notice de son thermomètre pour s’assurer de ce chiffre. Il serait dommage de s’inquiéter pour rien. On peut se considérer fiévreux à partir de 38 oC.

Documents à scanner

Pour une question de sécurité, il est conseillé de scanner ses documents importants. Comme le carnet de vaccination, les ordonnances reçues en France ainsi que le certificat de la prise du vaccin contre la fièvre jaune et la rage puisque ces documents seront parfois demandés aux frontières. Ainsi, si l’on perd les documents papiers, la copie numérisée vous sera très utile. J’en profite pour conseiller de scanner en plus de ces documents médicaux, tous les papiers jugés importants (passeport, carte d’identité, permis de conduire, factures d’achat du du gros matériel, etc.).

Trousse à pharmacie

Bien préparer sa trousse à pharmacie est crucial pour voyager l’esprit tranquille. C’est pourquoi ce n’est pas simple de savoir quoi prendre, sans emporter du superflu pour éviter de se charger pour rien. Heureusement, l’Institut Pasteur nous a donné une liste qui résume les différents médicaments à emporter sur soi durant un tour du monde. En synthèse :

  • Anti-fièvre, anti-douleur : Paracétamol 1000 mg (Doliprane et Dafalgan).
  • Anti-nauséeux : Dompéridone (Motilium Instant).
  • Anti-allergique : Desloratadine (Aerius).
  • Anti-diarrhée : Racecadotril (Tiorfan).
  • Désinfection de la peau :
    • Antiseptique (Chlorhexidine et Bétadine).
    • Solution hydro-alcoolique.
  • Désinfection des yeux : Serum physiologique unidose.
  • Désinfection de l’eau de boisson : DCCNa ou chlore (Aquatabs, Micropur Forte DCCNa).
  • Contre les coups de soleils :
    • Crème solaire en prévention avant exposition au soleil, d’indice 30 minimum.
    • Crème après-soleil ou Biafine en cas de brûlure intense. À appliquer le soir. Ne pas s’exposer au soleil après l’application de cette crème.
  • Contre les insectes :
    • Moustiquaire imprégnée.
    • Insecticides recommandés pour la peau contenant du DEET 50 % ou de l’Icaridine 25 %.
    • Insecticides recommandés pour les vêtements contenant de la Perméthrine.
  • Petit matériel :
    • Pansements de diverses tailles, sparadrap, compresses.
    • Sutures adhésives (SteriStrip), bande de contention (Elastoplaste), bandes gazes.
    • Gants vinyle ou latex.
    • Thermomètre, pince à épiler, pince à tique, ciseaux, épingles de sûreté.
    • Préservatifs.

Il est important de noter avant le départ les noms des molécules des médicaments pour mieux se faire comprendre dans les pharmacies locales à travers le monde.

Gestion de l’eau

Encore un sujet sensible. L’eau est souvent source de contagion, il faut donc bien veiller à respecter certaines règles pour se prémunir contre les maladies :

  • Boire principalement de l’eau en bouteille. Il y en a partout dans le monde. Il faut cependant faire attention en Asie puisqu’il existe de la contrefaçon pour les bouteilles d’eau… Il est préférable également de demander dans les restaurants que la bouteille soit ouverte devant ses yeux puisque l’eau est parfois reconditionnée.
  • Faire bouillir l’eau.
  • Utiliser des pastilles de chlore. Attention, il faut filtrer l’eau avant d’utiliser ces pastilles, sinon elles sont inefficaces car le chlore se fixe principalement sur les grosses impuretés.

Dans les pays développés, il n’y a pas a priori de risque d’avoir des problèmes en buvant de l’eau. C’est principalement en Asie où nous devrons être vigilants.

Quelques conseils de base

Voici enfin quelques conseils de bases, toujours utiles à connaître pour réduire les risques de maladie ou de rapatriement prématuré :

  • Manger bien chaud et bien cuit.
  • Se laver soigneusement les mains très régulièrement (avec du savon ou une solution hydro-alcoolique) avant et après chaque repas, après les selles et avant et après le traitement d’une plaie ouverte.
  • La première cause de rapatriement est liée aux accidents routiers. Il faut donc bien faire attention lorsque l’on marche dans la rue ou que l’on conduit un véhicule.

Vous aussi, laissez vos traces sur la piste...