Safari pour Pierrot

Publié par Audesou, le 9 février 2014 à 18:08

Pour clore ce chapitre insulaire de l’aventure, il convient d’ajouter sur ce carnet de route que le Sri Lanka a également été le théâtre de l’une de mes premières fois. Dans le genre de celles que l’on n’oublie pas.

Nous sommes le mercredi 8 janvier 2014.

J’ai longtemps attendu cet instant, et le dernier quart de siècle m’a appris que l’on n’a pas deux occasions de réussir une première fois. Un peu anxieux à l’émergence de cette pensée, je crains, au départ, de mal m’y prendre. D’être trop maladroit. Trop pataud. Insuffisamment vif. De ne pas savoir attirer. Pour me donner du courage, je repense à tous ceux dont j’ai un jour croisé les pas et qui, du haut de la colline de leur expérience, en parlaient librement devant moi. Je les écoutais avec admiration : ils l’avaient déjà fait. Grâce à leurs multiples témoignages — que je devinais parfois largement enjolivés — je n’ignore pas exactement tout des sensations que je m’apprête à découvrir ce matin. Je reste toutefois nerveux, tant je sais que certaines choses sont plus faciles à discuter qu’à réaliser. Après une longue inspiration, c’est en tentant de me souvenir de leurs nombreux conseils que je m’élance, un peu tremblant, dans le feu de l’action.

Très vite, chaleur et tension montent d’un cran. Me voici à même le sol, au milieu d’un lit si grand et si large que je n’en distingue pas bien les contours. Appareil bien en main, je m’allonge, et me concentre sur chacun de mes sens. Point de gestes brusques, provoquer la fuite de la présence à mes côtés est la dernière de mes envies. Je m’applique à manier mon objectif avec une douceur infinie. J’espère qu’il sera suffisamment long pour me permettre de toucher la cible.

Peu à peu, les contacts en tous genres se multiplient, l’excitation monte et les frissons m’envahissent. La confiance se déploie et efface mes premières craintes. Je dépose l’appréhension sur le sol et commence à éprouver du plaisir devant ces formes nouvelles que je n’avais jusqu’alors aperçues que vaguement, toujours de loin. Au même moment, la terre se met à trembler et de surprenants bruits s’envolent en l’air depuis l’arrière des buissons.

Le sentiment d’accomplissement est grisant. Le verdict, sans appel. Carte mémoire encore vierge il y a quelques secondes, je fais désormais partie du club de ceux qui l’ont fait. Toutes les dix minutes, à peine, je change de position. Je me contorsionne dans tous les sens. Sans brusquer ni forcer, je cherche à trouver le bon angle d’approche. Ce type d’efforts m’est inhabituel. Si bien qu’après quelques heures de va-et-vient sans temps morts, lorsqu’arrive le moment de me retirer, j’ai beau tenter de le cacher, mais je suis complètement épuisé et en nage. Mon corps me rappelle à sa manière que je ne suis qu’un novice en la matière.

Alors que je réajuste la capote qui recouvre celle qui m’a permis de pénétrer dans cet endroit et de vivre cette expérience hors du temps, je n’ai pourtant qu’une envie : repartir pour un tour.

Nous sommes le mercredi 8 janvier 2014, et je viens de vivre mon premier safari-photo.

Les Srilankais rencontrés sur la route m’avaient assuré que le Udawalawe National Park était le meilleur endroit de l’île pour observer les éléphants du Sri Lanka. Pardonnez-moi le jeu de mots qui suit et qui manque cruellement de caractère, mais ils ne s’étaient pas trompés.

Ce soir-là, tandis que je m’insinue lentement sous un maigre filet d’eau froide, je me surprends à reprendre celui qui offrait au monde en 1979 sa Chanson pour Pierrot. Au rythme des paroles de Renaud, je m’imbibe de cette journée qui s’éteint tranquillement, à mesure que la voie lactée impose sur la toile céleste son scintillement silencieux, et je finis par m’avouer tout à coup que si j’entonne précisément ce morceau, c’est que j’ai en réalité passé une bonne partie du jour à penser à eux, qui ne sont nés que dans ma tête.

Je regarde pour eux les étoiles, et je me dis qu’un jour viendra où ces biens beaux moments, c’est pour eux que je me donnerai les moyens de les vivre.

Je regarde pour eux les étoiles, et je me dis qu’un jour viendra où ces biens beaux moments, c’est avec eux que je prendrai le temps de les partager.

Safari pour Pierrot #1
Safari pour Pierrot #2
Safari pour Pierrot #3
Safari pour Pierrot #4
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Safari pour Pierrot #22

Déjà 4 traces de pas sur ce bout de piste :

1. Neovov, le 11 février 2014 à 11:30

Petit coquinou !

2. Audesou, le 23 février 2014 à 11:48

Si peu...

3. Cindy, le 26 février 2014 à 18:58

MA-GNI-FI-QUE ! <3

4. Audesou, le 28 février 2014 à 18:31

 :-)

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