La théorie du rêve
Publié par Audesou, le 17 août 2012 à 00:01
Les voyages, autant que leur préparation, font réfléchir. Voici la théorie du rêve.
Tout quitter, partir à l’autre bout du monde. Partir vers l’inconnu, à la conquête de nouvelles terres et de soi. Parfois, l’Homme moderne — sédentarisé autant que sécurisé — semble avoir oublié ce qu’il est et d’où il vient, lorsqu’il se met à croire qu’il est désormais arrivé. Tranquillement sur un banc en béton, au stade ultime de l’Histoire, de la connaissance, du progrès et de l’évolution. Le voilà assis. Surtout, ne plus bouger. Le passé de découvreur de cet Homme parait profondément enfoui, lui qui est pourtant le fruit de toutes ces générations passées qui n’ont eu de cesse de repousser les limites de leurs mondes, toujours plus loin. Un passé enfoui, mais qui ressurgit parfois, au détour de certaines expériences ou de certaines pensées. Qui ressurgit en tout cas dès qu’il est question de partir à l’aventure. De sortir de sa zone de confort.
Depuis le jour où j’ai officiellement annoncé que je partais, je ne compte plus le nombre de fois où je me suis vu répondre ce qui pourrait se résumer à : Oh ! Moi aussi, je rêve de faire le tour du monde !
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Si la bouche peut mentir, les yeux ne le peuvent pas. Derrière ces jolis mots, bien souvent des regards, qui m’avouaient implacables, que non, ils ne partiraient pas.
Au fond de moi, j’ai longtemps été troublé par toutes ces personnes qui disent rêver, qui semblent en fait presque s’en persuader elles-mêmes et y croire, mais qui ne chercheront pourtant jamais à atteindre activement leurs rêves. Je veux dire, vraiment troublé. J’ai parfois éprouvé du dégoût face à ce type de discours. Voire parfois, disons-le, du mépris silencieux face à ce qui me paraissait alors une farce intellectuelle : un manque de respect de soi.
Puis j’ai compris. Je crois.
Le rêve est une chose sacrée à mes yeux. Je suis un rêveur. Et je suis de ceux qui ont besoin, pour s’épanouir, de vivre leurs rêves. Mais cette voie est risquée, j’y reviendrai plus tard. C’est pourquoi beaucoup de personnes choisissent l’autre voie, pas forcément plus facile, mais plus simple car plus stable et moins sinueuse. Celle de ceux qui ont tout simplement besoin, pour s’épanouir, d’avoir des rêves.
J’ai compris que ce que je prenais pour un mensonge fait à soi-même était en fait la manifestation d’un état d’esprit différent du mien. Et j’ai compris également que tout mépris vis-à-vis des personnes qui foulent l’autre voie est déplacé et n’a pas de sens.
Selon la voie empruntée, nous avançons différemment dans la vie. Chez certaines personnes, le seul fait d’avoir des rêves semble suffire pour supporter n’importe quelles conditions, et traverser ainsi les joies et les peines. Elles semblent plus nombreuses que celles qui ont emprunté la seconde voie. Chez ces autres personnes, le fait d’avoir des rêves ne suffit pas à l’épanouissement. Il leur faut les vivre pour se sentir vivant et avoir la sensation d’avancer.
Sur la première voie, la simple présence rassure. Les rêves sont comme des étoiles. Sur la seconde, la présence ne suffit plus, ils doivent pouvoir être atteints et permettre l’accès à la réalisation d’autres rêves ultérieurs. Les rêves sont alors comme des marches.
Mais alors, qu’est-ce qui nous a tous poussés à choisir une voie plutôt que l’autre ? Je parlais de risques tout à l’heure, je crois que c’est la peur qui a dicté nos pas.
Quand on y pense un peu, on se rend compte que la crainte de ceux qui ont besoin d’avoir des rêves est celle de les perdre. C’est pour cette raison que les rêves ne sont pas vécus. Pour être maintenus en vie le plus longtemps possible. Car un rêve, lorsqu’il est réalisé, disparaît, pour laisser place à un souvenir. La crainte de ceux qui ont besoin de vivre leurs rêves est quant à elle diamétralement opposée. C’est celle de ne pas les avoir réalisés.
Ce faisant, les uns s’exposent au risque de mourir sans avoir vécu leurs rêves, tandis que les autres consomment les leurs avec tellement de vigueur que naîtra peut-être un jour insupportable où tous leurs rêves seront derrière eux.
Pas sûr que l’une des deux options soit la meilleure, mais je suis terrifié à l’idée de mourir des regrets plein le cœur. Alors je choisis de vivre mes rêves. Je choisis de croire qu’ils ne s’épuiseront jamais.
J’ai choisi ma voie, mes rêves, mon risque. Et vous, quelle rêveuse ou quel rêveur êtes-vous ?
C’était la théorie du rêve.
Déjà 2 traces de pas sur ce bout de piste :
1. anael et isabelle, le 17 août 2012 à 16:29
2. Audesou, le 21 août 2012 à 20:31
Bonjour Isabelle, Anaël (et Tyska !),
Eh oui, nous sommes arrivés à bout du chemin de Stevenson ! Merci d’être passés ici pour nous laisser ce message. :-)
J’espère bien également que nos routes se recroiseront !
À une prochaine fois, et que votre route soit toujours aussi belle,
Bonjour à vous deux les voyageurs de la vie !!!
nous voyons que vous avez fini le chemin de stevenson ! vous avez dû en retirer encore de bonnes expériences !
Nous, nous sommes en creuse et allons bientôt redescendre en Corrèze puis Dordogne... et quelle joie de pouvoir lire votre site bien complet !! Vous écrivez incroyablement bien !!! et nous vous suivons bien dans votre théorie du rêve !
Vous êtes fabuleux et nous espérons qu’on pourra se revoir pour partager nos aventures après votre périple.
Sur ce, nous vous souhaitons une très belle vie et de belles expériences !!
Pour nous, les rêves continuent... amicalement,
Isabelle, Anael et Tyska
« enfermer un nomade entre 4 murs, c’est mettre le vent en boite... »
sylvain Tesson