« L’opération El Doradillo/Las Canteras »

Publié par Koonshu, le 4 janvier 2013 à 23:15

Il est temps maintenant pour nous, suite à plusieurs jours de silence dont vous comprendrez la raison dans quelques articles, de vous raconter l’histoire de notre rencontre avec les baleines, extraordinaire bien entendu, que j’avais commencé à vous conter dans notre précédent article à propos de Puerto Madryn.

Chance naturelle activée : une baleine sur la plage de Puerto Madryn

Nous le savions avant d’arriver dans cette ville, la saison pour voir les baleines commençait à toucher à sa fin. D’après toutes les personnes croisées dans la ville et dans les auberges, le seul moyen pour voir des baleines à cette période (début décembre) est de prendre le bateau. Sur le papier, cela parait sympathique. Mais quand on commence à regarder les prix, cela l’est beaucoup moins. En effet, il faut compter environ 600 pesos argentins (environ 100 euros) par personne pour profiter de l’excursion pour contempler les baleines. Le pire, lors de l’achat du ticket, c’est que vous n’êtes même pas sûr d’en observer. Cela dépend des baleines et de leur bon vouloir. Avec Audesou, la question ne s’est même pas posée, soit nous voyions les baleines par nous-mêmes, soit nous n’en voyions pas. Notre budget de 25 euros quotidiens par personne ne nous permet clairement pas de dépenser autant de pesos argentins en une journée.

Comme dit à plusieurs reprises dans nos articles, nous avons une chance assez extraordinaire. La preuve avec cette première anecdote qui aurait pu faire office d’un article estampillé « Instant Magique ».

Lors de notre tout premier soir dans la ville de Puerto Madryn, le mercredi 5 décembre 2012, après un dîner pris sur la plage, à observer le coucher du soleil, nous avons eu l’occasion de contempler pour la première fois de notre vie une baleine.

Extrait d’une de nos conversations, court mais qui démontre bien la surprise de voir cet animal, entre Audesou et moi-même, lorsqu’il observa en premier la baleine :

— Je crois que je viens de voir une baleine !
— Mais bien sûr, pourquoi pas un éléphant rose aussi...
— Si si je t’assure, regarde, là-bas !

Soudain, une gerbe d’eau surgit du niveau de la mer, puis suivie d’une ombre, puis enfin d’une forme clairement distinguable. Nous avions en face de nous, à environ 200 mètres de la plage, une baleine. Malheureusement, à cette distance, nous ne pouvions pas prendre de belles photos pour vous la présenter.

Quel moment de plaisir, de voir cet animal ici, juste sous nos yeux, qui dérive lentement mais sûrement au loin dans l’océan.

Pour terminer avec cette petite anecdote, de retour à l’auberge, l’un des hôtes nous indique que nous avons été extrêmement chanceux d’avoir réussi à observer une baleine sur la plage même de la ville, à cette période de l’année. Avec Audesou, nous trouvons juste ça normal, nous sommes chanceux par nature.

Chance légendaire activée : plusieurs baleines sur une plage non loin de Puerto Madryn

Oui, vous avez bien lu le titre de cette partie. Nous avons réussi à observer plusieurs baleines le même jour, sur une seule et même plage. Gratuitement.

Récit.

Encore une fois, tout débuta le premier jour sur les terres de Puerto Madryn. Lors de l’attente de la préparation de deux excellents hamburgers, Audesou en profita pour demander, en espagnol s’il vous plaît, plusieurs renseignements sur la ville et notamment à propos des lieux où l’on pouvait encore observer des baleines à cette période de l’année. Le serveur, très sympathique, nous expliqua alors qu’il avait contemplé, la semaine précédente, plusieurs baleines sur une plage au nord de Puerto Madryn, à environ 15 kilomètres. Ni une ni deux, nous savions même sans nous concerter que notre prochaine sortie se fera sur cette plage, qui se nomme El Doradillo.

Seul bémol, la nécessité d’avoir deux vélos pour parcourir la distance entre la ville et cette plage. Ce n’est pas un réel problème à Puerto Madryn, puisqu’il existe de nombreux loueurs de vélos. La location est chère, mais reste raisonnable, même pour notre petit budget. C’est encore moins un problème quand dans l’auberge La Casa de Tounens, celle où nous avons posé nos valises pendant près de deux semaines, comme indiqué dans notre précédent article, des vélos sont mis gratuitement à la disposition des hôtes.

C’est donc à cheval sur deux vélos prêtés par Vincent que nous nous lançons à l’aventure, direction la plage El Doradillo. Le chemin est relativement accidenté, avec beaucoup de petites collines. Avec le vent de la Patagonie qui vient nous fouetter le visage, ce n’est clairement pas une partie de plaisir de pédaler. La fatigue se fait vite sentir. De plus, le chemin, pour la plupart du temps, n’est pas goudronné, ce qui nous procure quelques frayeurs avec des petites glissades sur la piste couverte de cailloux.

Arrivé sur les hauteurs de la plage, après plus d’une heure de pédalage, un gentil petit panneau nous indique fièrement qu’il est préférable de monter encore plus au nord pour espérer voir des baleines, à environ 8 kilomètres, sur la plage Las Canteras. Petit baisse de moral donc, les jambes doivent encore souffrir un petit peu.

Sur ce nouveau chemin, Audesou s’arrêta quelques minutes pour regonfler l’un de ses pneus. C’est le moment choisi par un renard gris pour tuer un pauvre « petit » mara, également appelé lièvre de Patagonie de part son apparence proche de celle d’un lièvre.

J’ai presque assisté à cette scène. Tout a commencé avec le cri stressant d’un animal en perdition. Un oiseau ? Un rongeur ? Un fauve ? Je n’en avais pas la moindre idée, mais ma curiosité m’a poussé à chercher la source de ce bruit. Je m’enfonce donc légèrement dans la pampa, après avoir traversé quelques buissons, j’aperçois au loin un renard gris qui s’éloigne de moi. Heureux, je me rapproche et l’observe pendant quelques secondes. En me retournant, pour continuer notre route avec Audesou, je découvre une scène de crime. Un mara gisait à terre, sans la moindre vie. Le meurtrier n’était autre que le renard gris, attendant patiemment mon départ pour venir rechercher son butin. Lors de notre retour le soir, juste par curiosité, je suis retourné sur les lieux du meurtre. Il n’y avait plus aucune trace du mara...

La nature peut être cruelle parfois, mais ainsi va la vie.

Suite à cette petite découverte, pédales aux pieds, nous revoici sur le chemin, à quelques kilomètres de la plage. Une fois arrivé sur celle-ci, Audesou examine les lieux pour déterminer le meilleur endroit pour nous poser, dans l’objectif de contempler des baleines. Nous nous dirigeons donc vers le lieu sélectionné, puis attendons. À cet instant, je pensais devoir attendre plusieurs heures pour voir une baleine, si jamais j’avais la chance d’en voir une.

Il faut croire que nous sommes nés sous une bonne étoile, une nouvelle fois, la chance était avec nous.

Cinq minutes après nous être posés, une forme se dessine sur l’eau de l’océan. Incrédules, médusés et heureux, nous nous jetons alors sur nos appareils photos pour immortaliser ce moment. Nous n’en croyions pas nos yeux. On pourrait presque croire que les baleines nous avaient attendu pour se montrer.

Après quelques minutes supplémentaire, ce n’est pas une, ni deux, mais bien cinq voire six baleines que nous pouvons observer, presque en même temps. Tout ceci à seulement quelques mètres de nous, 15 mètres au plus. À cette distance, nous pouvons ressentir la masse et la puissance de cet animal, vraiment hors norme.

Pour relativiser un peu, les baleines ne nous ont tout de même pas montré leurs queues. Elles sont juste restées dans l’eau, normal me vous me direz, avec une petite partie du corps en dehors pour respirer. Les photos ne sont donc pas très démonstratives de l’instant vécu ici. Qu’importe, nous avons vu des baleines, par nos propres moyens, durant une période où l’on ne devrait même plus en voir.

Nous sommes heureux. Notre aventure est juste parfaite.

Lancement de « L’opération Punta Tombo »

Comme écrit dans notre précédent article, Puerto Madryn est le camp de base pour se rentre à Punta Tombo, la réserve naturelle pour observer des manchots de Magellan par milliers. Nous souhaitions y aller, mais le prix de l’excursion nous à longuement tenu éloigné de ce parc. Dans une agence, il faut compter à ce jour environ 450 pesos argentins (70 euros environ) pour se rendre à Punta Tombo, en comptant le prix de l’entrée du parc. Pour notre budget, c’est clairement trop cher. Nous nous devions alors de trouver une autre solution pour nous y rendre.

Le prochain article vous expliquera en détail notre aventure à Punta Tombo, ainsi que la manière dont nous nous y sommes pris pour aller sur ces lieux.

« L'opération El Doradillo/Las Canteras » #1
« L'opération El Doradillo/Las Canteras » #2
« L'opération El Doradillo/Las Canteras » #3
« L'opération El Doradillo/Las Canteras » #4

Déjà 3 traces de pas sur ce bout de piste :

1. Fana, le 6 janvier 2013 à 09:48

Toujours un grand plaisir que de vous retrouver pour la suite de votre extraordinaire aventure ;-)))
Ce que vous vivez est unique mais grâce à vos articles et photos, nous en profitons également.
Cette nouvelle année semble commencer de bien belle manière. Que votre chance continue à vous suivre fidèlement :D
Merci à vous deux et bonne route...

2. Fleurine, le 7 janvier 2013 à 09:48

Je profite de ce post pour vous souhaiter une BONNE ANNEE les gars !!!!
Vous me/nous manquez !!!!!!!!!!!!!!!!!

3. Koonshu, le 8 janvier 2013 à 15:54

@Fana : Merci beaucoup pour tous vos commentaires, cher lecteur fidèle. :-)

@Fleurine : Merci Fleurine, bonne année à toi aussi. ;-) Vous nous manquez aussi... un peu... :-P

Vous aussi, laissez vos traces sur la piste...