L’histoire de notre séjour dans le parc national Sajama, c’est l’histoire d’un séjour « à la carte ». Mais pas tout à fait du type de ceux que vous pouvez imaginer.

Poussés par notre envie de sortir des sentiers battus, c’est à l’intuition, après l’étude attentive d’une simple carte de la Bolivie que nous avons choisi d’aller nous perdre 8 jours dans le petit village communautaire de Sajama — tranquillement calé à 4 250 mètres d’altitude, à l’extrême ouest du pays, au pied du point culminant de la Bolivie, le stratovolcan Nevado Sajama, et des volcans jumeaux Parinacota et Pomerape — du mercredi 13 au jeudi 21 mars 2013.

Nous souhaitions vivre la vie des habitants de l’Altiplano, en immersion, l’espace d’une semaine. Nous avons été servi. Coupé de tout et difficile d’accès, Sajama, c’est le genre de village qui n’a pas (encore) de page Wikipédia. Le genre de village qui n’a l’électricité que depuis quelques années. Le genre de village d’une centaine d’âmes, que même Google Maps et le MI6 ont du mal à localiser. Le genre de village où vous êtes le seul étranger. Le genre de village, enfin, encore vierge et préservé aujourd’hui, mais qui sera très probablement et malheureusement ravagé par le tourisme de masse d’ici une vingtaine d’années.

Nous avons dormi chez l’habitant, sur des lits de pierres et sous sept à huit couches de couvertures. Nous nous sommes lavés au lavabo, avec de l’eau glaciale. Nous avons mangé des lamas, parfois ceux que nous avions croisé la veille. Nous avons bravé la pluie, le soleil, la neige, le vent, et la nuit noire. Nous avons grimpé à presque 5 000 mètres, des feuilles de coca plein la bouche. Nous avons parcouru la plus haute forêt du monde, et admiré les braves Polylepis, qui semblent, dans le silence, pouvoir résister à tout. Nous avons fait cuire des œufs, dans l’agitation bouillante des geysers. Nous avons ressenti la peur du puma, chez ces peuples Quechua et Aymara. Nous avons traversé des rivières, sur le plateau d’un camion. Nous nous sommes couchés avant minuit, pour la septième fois de notre vie. Nous avons été acceptés, intégrés et respectés, malgré toutes nos différences. Nous avons constaté la fascination qu’exerce l’image du « Vieux Continent », chez nos amis boliviens Marcelo et Jaime, que nous espérons revoir à Sucre. Nous avons été stupéfaits de voir des vieillards boire de l’alcool pur, comme du petit-lait. Nous avons noté que, contrairement à une croyance trop répandue, l’hospitalité en Bolivie est loin d’être un concept abstrait. Nous nous sommes baignés, dans l’eau chaude des rivières.

Au cœur du parc national Sajama, nous avons marché des dizaines d’heures, au milieu de rien. Et donc, au milieu de tout.

Au cœur du parc national Sajama, nous avons vécu.