Comment financer son tour du monde ?
Partie IV : savoir placer ses économies

Publié par Audesou, le 11 octobre 2012 à 03:12

Cet article est le quatrième d’une série de cinq articles destinés à fournir une méthode de base complète à toute personne désireuse d’autofinancer un projet de tour du monde, sans toutefois savoir ni comment ni par où commencer :

  1. Préambule.
  2. Savoir épargner.
  3. Savoir optimiser ses revenus et ses dépenses.
  4. Savoir placer ses économies.
  5. Conclusion.

Vous savez désormais épargner. Et ce, de plus en plus efficacement, car vous avez appris comment optimiser vos revenus ainsi que vos dépenses. Maintenant que vous êtes virtuellement riche, reste à apprendre comment placer vos économies avant le départ.

De très nombreux paramètres entrent en ligne de compte dans le choix des supports financiers adaptés à votre besoin : le montant des sommes à placer, votre âge, la durée envisagée pour le placement, le rendement attendu, le degré de liquidité souhaité, votre stratégie d’investissement, votre degré d’aversion au risque, etc.

Vous seul connaissez votre besoin. Toutefois, dans le cas des voyageuses et voyageurs de tous horizons partis faire le tour du monde, un profil type se dégage facilement. Voici les points qui caractérisent souvent les supports financiers sur lesquels les globetrotteurs choisissent de placer les économies réalisées avant le départ :

  • Placements à court terme
    Parce que la durée de votre placement sera souvent inférieure à trois ans.
  • Haute disponibilité de l’épargne
    Parce que vous devez avoir la possibilité de débloquer la totalité de vos économies en cas de besoin avant, pendant, ou après votre voyage.
  • Faible prise de risques
    Parce que vous ne souhaiteriez pas voir vos économies parties en fumée au moment où vous en aurez besoin.
  • Rendement supérieur au taux d’inflation
    Parce que, tant qu’à faire, autant ne pas perdre d’argent, et même en gagner.
  • Fiscalité avantageuse et frais nuls ou limités
    Parce que votre objectif est de conserver vos capitaux.
  • Facilité de compréhension et d’utilisation
    Parce que si vous devez apprendre le fonctionnement de la Bourse avant de partir, vous n’avez pas fini d’étudier.

L’objectif de cet article n’est pas de vous faire un cours de finance exhaustif sur les différents supports financiers existants, mais de vous fournir une liste de produits susceptibles de répondre aux besoins du « globetrotteur moyen », si vous ne savez pas où donner de la tête. Aussi, vous trouverez volontairement dans cet article des supports parfois tentants, mais que je ne vous recommande pas. À vous ensuite de faire vos choix et d’approfondir dans la direction souhaitée.

La technique du matelas

Pour tout un tas de raisons, certaines personnes stockent leurs économies de manière physique, sous forme de pièces et de billets entassés sous leur matelas, dans un coffre, ou encore dans leur abri de jardin.

En plus de faire perdre de l’argent, cette technique est risquée : comment vous sentiriez-vous si un vol ou un incendie venait à faire disparaître la totalité des sommes stockées ?

Et puis, si votre patrimoine commence à prendre de l’ampleur, ne comptez pas faire le tour du monde avec toutes vos économies entassées dans votre sac à dos. Vous n’en dormiriez plus.

Le compte courant

Certains globetrotteurs utilisent leur compte courant pour placer leurs économies.

Dans la pratique, et toutes proportions gardées, c’est à peine mieux que de placer votre épargne sous votre matelas. L’avantage de cette technique par rapport à celle du matelas, c’est que vous pourrez alors dormir totalement à plat. Mais plus le temps avance, plus vous perdez ici aussi de l’argent.

Retenez que le compte courant ne devrait servir qu’à gérer les flux d’argent entrants et sortants courants. On peut comparer le compte courant aux gigantesques hubs que sont les aéroports pour les voyageurs en transit. Il ne s’agit en aucun cas d’une destination, mais d’une étape de transfert, pour votre argent.

Pour épargner, préférez opter pour l’un ou plusieurs des supports suivants.

Le Livret Jeune

Si vous évoluez actuellement entre votre 12e et votre 25e anniversaire, vous pouvez profiter du Livret Jeune. Un seul Livret Jeune est autorisé par personne.

Gratuit, totalement défiscalisé, et d’un rendement au moins égal à celui du Livret A (cf. ci-dessous), il vous permet de placer de manière liquide jusqu’à 1 600 €.

Notez que — et c’est le cas pour tous les livrets règlementés — même si un plafond de versement est fixé, il est possible de dépasser ce dernier sous l’effet de la capitalisation de vos intérêts. C’est-à-dire que si vous parvenez à plafonner l’un de vos livrets, les intérêts versés sur ce même livret en fin d’année viendront s’ajouter à votre capital jusqu’à dépasser le plafond prévu : une fois le plafond atteint, vous ne pouvez plus alimenter votre livret, mais vous continuez à percevoir des intérêts sur votre capital.

Si vous y avez encore le droit, n’hésitez pas à remplir votre Livret Jeune puis à passer à un autre support.

À titre informatif, un Livret Jeune plafonné vous permet aujourd’hui de gagner au moins 36 € par an.

Le Livret A

C’est l’un des placements financiers les plus intéressants pour le globetrotteur qui recherche la sécurité plus que la rentabilité.

Gratuit, défiscalisé et liquide tout comme le Livret Jeune, un seul Livret A peut être détenu par personne, sans limitation de durée.

Son rendement net actuel est de 2,25 % et son plafond — passé de 15 300 à 19 125 € depuis le 1er octobre 2012 — devrait probablement augmenter encore dans les prochains mois, ce qui vous permet déjà d’y placer de bonnes économies pour votre projet.

À titre informatif, un Livret A plafonné vous permet aujourd’hui de gagner au moins 430 € par an.

Notez que ce livret est appelé le Livret Bleu chez le Crédit Mutuel.

Le Livret de Développement Durable (LDD)

Ce livret règlementé partage grossièrement les mêmes caractéristiques que son homologue le Livret A.

La principale différence réside dans le plafond du LDD qui est inférieur à celui du Livret A et qui — passé de 6 000 à 12 000 € depuis le 1er octobre 2012 — vous permet actuellement de gagner au moins 270 € par an lorsque plafonné.

Le Livret d’Épargne Populaire (LEP)

Si vous êtes faiblement ou pas imposé, il est possible que vous ayez le droit au LEP. Documentez-vous pour connaître les modalités d’ouverture. Il est possible d’ouvrir un seul LEP par personne et la limite est fixée au maximum à deux LEP par foyer fiscal.

Gratuit, défiscalisé et liquide, le LEP fonctionne comme un Livret A dopé d’un demi-point de rendement supplémentaire. Son rendement net annuel est donc aujourd’hui de 2,75 %.

Son plafond fixé à 7 700 € vous permet de toucher au moins 211 € par an si le livret est plafonné.

N’hésitez pas à ouvrir ce livret et à le remplir en priorité si vous y avez accès.

Le Plan Épargne Entreprise (PEE)

Si vous êtes salarié, sachez que vous pouvez probablement profiter du PEE de votre entreprise, et profiter par la même occasion de l’un des placements les plus rentables de la liste.

Le PEE est un support financier subtil aux multiples facettes et à la fiscalité avantageuse. Les sommes qui y sont versées sont par défaut bloquées 5 ans.

Son intérêt majeur réside dans le principe de l’abondement. En pratique, cela veut dire que votre entreprise peut compléter vos versements volontaires par une somme de son choix, souvent un pourcentage de votre versement. Sauf cas particuliers, cet abondement est plafonné pour l’année 2012 à 2 909,76 € par salarié. En d’autres termes, si votre entreprise a choisi d’abonder à 100 % et que vous versez précisément 2 909,76 € sur votre PEE, vous doublez votre mise et touchez instantanément 2 909,76 € bruts supplémentaires.

Notez enfin qu’il existe de nombreux cas de déblocage anticipé, au nombre desquels la démission. Si vous êtes de ces salariés qui choisissent de démissionner avant le départ, avec un bon timing, vous pouvez gagner de quoi vous acheter votre billet « tour du monde ».

Ne négligez surtout pas cette subtilité et ce placement. Creusez le sujet.

Le compte à terme

D’un fonctionnement un peu plus technique, le compte à terme fonctionne grosso modo comme si vous faisiez un prêt à votre banque.

En échange du montant prêté et du blocage des fonds pendant une certaine durée, votre banque vous reverse des intérêts. Plus la durée du prêt est importante, plus la prise de risque est grande pour vous et donc plus les taux d’intérêts sont élevés.

Sauf si vous savez ce que vous faites, je ne vous recommande pas ce type de supports, qui n’est plus intéressant aujourd’hui, et sûrement pas dans votre situation :

  • Pour profiter des avantages du compte à terme, l’argent doit rester bloqué jusqu’à l’échéance convenue lors de l’ouverture par contrat avec l’établissement bancaire.
  • Les taux d’intérêts sont aujourd’hui tellement ridicules que vous gagnerez de toute façon plus en plaçant votre argent sur un support où l’épargne reste disponible comme un livret règlementé ou une assurance-vie.

L’assurance-vie

L’assurance-vie est probablement l’un des supports financiers de base les plus mystérieux pour le novice. Beaucoup d’idées reçues circulent sur cette dernière, comme la croyance aussi tenace que fausse qui affirme que les fonds versés sur un contrat d’assurance-vie sont bloqués pendant huit ans.

En réalité, si la fiscalité applicable à un contrat d’assurance-vie n’est effectivement avantageuse qu’une fois que le contrat est mûr — c’est-à-dire après qu’il ait atteint son huitième anniversaire — les fonds restent toujours disponibles.

Une autre idée reçue consiste à croire que l’assurance-vie est toujours un placement risqué. Dans les faits, elle peut l’être, et parfois franchement. Mais sachez qu’il est toujours possible de ne pas assumer le risque et de choisir de le faire supporter par l’assureur plutôt que par vous. La contrepartie, c’est que vous devrez alors accepter un rendement plus faible que celui que vous auriez pu obtenir en assumant vous-même le risque. Ce rendement sera toutefois souvent plus élevé que celui d’un Livret A et reste donc intéressant.

Le maniement de l’assurance-vie est un peu plus complexe que celui d’un livret règlementé, mais si dans le cadre de la préparation de votre tour du monde, vous êtes prêt à prendre un peu plus de risques pour optimiser votre rendement, n’hésitez pas à souscrire un contrat auprès d’un courtier ou directement auprès d’un assureur. Privilégiez les courtiers en ligne et la gestion libre pour limiter les frais. Surtout, documentez-vous correctement.

Notez enfin que vous pouvez souscrire autant de contrats d’assurances-vie que souhaité, et que les versements ne sont jamais limités.

Les livrets non règlementés

La plupart des banques proposent aujourd’hui des livrets non règlementés à grand renfort d’offres promotionnelles à première vue alléchantes.

En réalité, les rendements annoncés par ce type d’offres sont souvent des rendements bruts, et les rendement nets sont souvent risibles une fois la période correspondant à l’offre promotionnelle terminée.

Encore une fois, sauf si vous savez ce que vous faites, préférez largement les supports comme l’assurance-vie ou les livrets règlementés pour placer vos économies avant le départ. N’alimentez pas inutilement les fonds propres de vos banques. Vous y gagnerez.

Les autres supports d’investissement

Beaucoup d’autres supports d’investissement existent, qu’ils soient financiers ou non. Mais ils sont pour la plupart soit non adaptés à un tour du monde, soit beaucoup trop risqués ou techniques pour en parler sans détails ici.

Si vous connaissez suffisamment le monde de la finance et de l’investissement pour décider d’opter pour d’autres supports que ceux présentés ici, vous savez que l’on peut investir sur à peu près tout et n’importe quoi, et n’avez plus besoin de l’aide de cet article depuis longtemps !

Pour investir sur d’autres supports, il vous suffit de suivre à la fois votre sens moral et votre intuition.

Remarques complémentaires

  • N’oubliez pas que certains placements sont plus risqués que d’autres, et que vous restez dans tous les cas responsable de vos choix.
  • Avant d’investir votre épargne sur un produit financier, soyez certain de le comprendre. Si cela n’est pas le cas, documentez-vous davantage ou demander de l’aide extérieure à une personne de confiance qui connaît son sujet.
  • Pour finir, six règles de base à retenir lorsque l’on travaille avec des professionnels de la finance :
    1. Ne faites jamais entièrement confiance à une personne susceptible de vous vendre un produit financier
      Votre conseillère ou conseiller bancaire, y compris.
    2. Ne placez jamais tous vos œufs dans le même panier
      Dans la pratique, quel que soit le montant de votre épargne, soyez client de plusieurs banques et diversifiez vos placements. En cas de problèmes avec une banque alors que vous êtes à l’autre bout du monde, faites en sorte de ne pas être tributaire de cette dernière.
    3. Ne vous laissez pas abuser par vos émotions
      Qui dit rentabilité potentiellement élevée dit forcément prise de risque importante. Le placement à la fois très rentable et très sûr n’existe pas.
    4. Apprenez à compter
      Cela peut paraître évident, mais pour calculer un taux d’intérêt réel, pensez à prendre en compte la totalité des facteurs qui influencent la rentabilité de votre placement. Entre autres : les éventuels frais (d’entrée, de gestion et de sortie), le taux d’inflation, la fiscalité applicable, etc.
    5. Ne vous pensez pas plus malin que tout le monde
      Le monde de la finance est peuplé de personnes dotées d’une intelligence logique très supérieure à la moyenne. Il y aura toujours de plus fins investisseurs que vous.
    6. Connaissez en tout temps votre situation financière
      Pour faire face à tous les imprévus, il est très utile de connaître à chaque instant votre situation financière courante, mais aussi son histoire passée, et si possible celle à venir. Inutile de vous faire des nœuds dans la tête, mais veillez à faire au moins un point mensuel.

Vous aussi, laissez vos traces sur la piste...