Connaissez-vous la laine mérinos ?

Publié par Audesou, le 22 octobre 2012 à 20:10

Il y a quelques mois, si l’on avait évoqué devant moi l’idée de partir en tour du monde avec des vêtements en laine, j’aurais brusquement frémi au souvenir de cette matière qui, à n’en pas douter, a su à elle seule traumatiser plusieurs générations d’enfants.

La scène se déroule à l’hiver 1994. Trois enfants jouent dans la rue enneigée. De sa fenêtre, un petit garçon les remarque et s’apprête à sortir les rejoindre. Quand soudain...

— N’oublie pas de mettre ta jolie cagoule en laine, en sortant sous la neige ! Le turquoise va si bien avec ton petit pull violet et ton pantalon vert, et puis elle fait ressortir tes yeux bleus.
— Mais maman, j’aime pas ma cagoule. Elle est moche, elle gratte de partout et ça fait de l’électricité quand j’essaie de l’enlever !
— Peut-être, mais au moins tu n’attraperas pas froid !
— Mais il fait pas froid !
— Tu mets ta cagoule ou tu restes à l’intérieur.
— Mais...
— Ne discute pas.
— ...

En 1994, les seuls moments où j’aimais ma cagoule en laine turquoise, c’est quand elle sortait de la machine à laver et que je savais qu’on ne me forcerait plus à la porter pendant longtemps : elle mettait ce qui me paraissait alors être deux semaines à sécher.

Mes premiers contacts avec la laine ont donc été quelque peu entachés de mauvaises expériences, et, jusqu’à très récemment, j’avais classé cette matière dans le dossier « À oublier » de mon esprit. Sans regrets.

Mais ça, c’était avant. Avant nos recherches sur l’équipement le plus adapté pour partir en voyage autour du monde. Avant que nous ne découvrions la laine mérinos avec Koonshu.

Qu’est-ce que la laine mérinos ?

La laine mérinos provient de la tonte du mouton du même nom : le mérinos.

Bien plus fine que sa cousine la laine traditionnelle, ses qualités intrinsèques en font un matériau particulièrement intéressant pour les globetrotteurs.

Avantages de la laine mérinos

Petit tour de ses avantages et de ses inconvénients, en commençant par sa plus grande qualité, qui ravira les sportives et sportifs qui ont déjà fait l’expérience de passer plusieurs jours enfermés dans les mêmes vêtements en fibres synthétiques. Vous ne sentez pas de quoi je veux parler ? Mais si, voyons...

Elle n’a pas d’odeur

C’est probablement là sa plus grande qualité. La laine mérinos n’a pas d’odeur. Plus précisément, elle ne retient pas les odeurs.

Tout dépend de la manière dont vous envisagez votre tour du monde. Mais si vous n’êtes pas certain de pouvoir vous doucher et porter des vêtements fraîchement lavés chaque matin, alors arrivera très rapidement un moment où, quoi que vous fassiez, quel que soit votre niveau d’hygiène, vous ne sentirez plus tout à fait la fleur. Nous l’oublions souvent dans nos sociétés aseptisées, mais nous sommes ainsi faits. Nos corps ne secrètent pas naturellement de l’arôme de cèdre ou de cerise du Japon.

Ainsi, il arrivera peut-être des matins où votre peau n’aura pas rencontré le flot issu d’une pomme de douche depuis quelques jours, et où vous n’aurez le choix que de porter des vêtements sales. C’est là que vous apprendrez à apprécier les qualités de la laine mérinos.

N’en doutez pas : même Rose Byrne sent mauvais après avoir crapahuté trois jours dans les montagnes Bleues sans pouvoir se laver correctement ni se changer. Sauf si elle porte de la laine mérinos, évidemment.

Elle est légère

Comme évoqué plus tôt, la laine mérinos est beaucoup plus fine que la laine traditionnelle. Qui dit plus de finesse dit plus de légèreté, et cela tombe bien car c’est justement l’une des qualités recherchées lorsque l’on transporte perpétuellement ses vêtements sur son dos.

Elle tient chaud

Pour autant, la laine mérinos reste de la laine.

Tout comme c’est le cas pour sa cousine, l’air qui s’insinue et qui est plus ou moins retenu entre les fibres du tissu agit comme un isolant thermique. Il atténue le transfert de chaleur vers l’extérieur. Bref, la laine vous garde au chaud.

Elle est respirante

Autre particularité commune avec la laine traditionnelle, plus il fait chaud, plus la laine sèche et plus les fibres se contractent, permettant ainsi le passage d’une plus grande quantité d’air à travers le tissu. Votre peau respire.

Fait intéressant, en cas d’effort physique ou de grosse chaleur, il est très probable que vous vous mettiez à suer à grosses gouttes dans votre vêtement en laine. Une fois encore, la laine est là pour vous. Relativement hydrophile, elle absorbera l’humidité de votre corps pour la libérer sous forme de vapeur d’eau à l’extérieur. Pour vous, l’intérêt est double : vous sècherez plus vite, et le processus d’évaporation vous aidera à ne pas surchauffer.

Elle ne gratte pas

Rappelez-vous de l’hiver 1994 narré plus haut. Peut-être l’avez-vous connu, vous aussi.

Ce temps est révolu, désormais. Toujours parce que ses fibres sont plus fines que celle de la laine traditionnelle, la laine mérinos ne gratte pas, et semble douce au toucher. Vous pouvez même dormir avec, si le cœur vous en dit.

Elle sèche vite

Par rapport aux autres laines, la laine mérinos absorbe moins d’eau et sèche plus vite. C’est toujours ça de pris lorsque l’on est à la fois le porteur, la machine à laver et l’étendoir.

Inconvénients de la laine mérinos

Cela fait beaucoup de bonnes raisons d’apprécier la laine mérinos. Pour être juste, voici ci-dessous les deux inconvénients que nous lui trouvons.

Elle coûte cher

La laine mérinos est plus rare que la laine traditionnelle, et donc plus onéreuse.

De manière générale, cela se ressent surtout lorsque l’on recherche des produits haut de gamme, et donc que l’on s’adresse à des fabricants spécialisés.

Elle fatigue probablement à long terme

La fibre de laine mérinos est fine. À ce stade, vous l’avez compris.

Nous n’avons pas découvert la laine mérinos suffisamment tôt pour pouvoir tester son endurance sur une longue période. Et notamment sa résistance à l’abrasion lorsqu’elle est portée au contact du sac à dos. Mais nous avons la sensation que cette matière fatigue probablement à long terme, du fait de sa finesse.

Affaire à suivre.

Où se procurer des vêtements en laine mérinos ?

Il est relativement difficile aujourd’hui de se procurer de bons vêtements en laine mérinos ailleurs que chez des fabricants spécialisés.

Voici la liste des principaux fabricants qui proposent des vêtements en laine mérinos, techniques ou non :

À noter que Décathlon propose timidement depuis plusieurs saisons quelques vêtements en laine mérinos.

Notre choix : Icebreaker

Le néo-zélandais Icebreaker est l’un des premiers a avoir su exploiter les avantages de la laine mérinos pour confectionner des vêtements techniques. Sa réputation dans le domaine n’est plus à faire.

Parmi tout ce petit monde, nous avons donc choisi avec Koonshu de faire confiance à ce fabricant ainsi qu’à sa sympathique équipe, en embarquant dans notre sac un T-shirt technique Icebreaker chacun.

Plus précisément, un T-shirt à manches longues, le Oasis Long Sleeve Crewe.

Ce T-shirt technique a la particularité de pouvoir aussi bien être porté seul par temps chaud, qu’en tant que couche de base par temps froid. Sa polyvalence et sa légèreté en font un vêtement parfait en tour du monde. Sur le papier en tout cas.

Espérons juste qu’il résistera suffisamment longtemps à l’abrasion, car il sera probablement malmené.

À titre indicatif, le prix de vente grand public du Icebreaker Oasis Long Sleeve Crewe est aujourd’hui de 79,95 €.

Notez également que la plupart des fabricants proposent des chaussettes en laine mérinos. Pour les raisons que vous pouvez imaginer au regard des qualités du matériau, il peut s’agir là d’un bon investissement. De notre côté, nous avons fait le choix de ne pas opter pour le mérinos pour les chaussettes que nous emporterons au départ, mais nous reviendrons peut-être sur cette décision, une fois sur La Piste Inconnue !

La laine mérinos et vous

Et vous, avez-vous déjà tenté l’expérience du mérinos ?

N’hésitez pas à nous faire part de vos retours élogieux ou non dans les commentaires !

Déjà 12 traces de pas sur ce bout de piste :

1. Clem, le 23 octobre 2012 à 12:33

Hello,

Tu vas être moulé dans ton « Icebreaker »...

:P

2. Audesou, le 23 octobre 2012 à 13:56

Salut l’ami,

C’est les brésiliennes qui vont être heureuses ! :-D

3. Seddik, le 28 février 2014 à 03:46

En faites je voudrais acheter un cardigan burberrys en laine merinos ,mais avant de l acheter je voudrais être sûre si ce produit et une bonne qualité sachant qui coûte 250 euro si possible m informer merci

4. Audesou, le 28 février 2014 à 08:32

Seddik,

Je n’ai jamais porté de Burberry, mais la laine mérinos Icebreaker, citée dans l’article, tient largement ses promesses.

Bien à vous,

5. Pat-Man, le 8 mai 2015 à 19:24

Salut,

Je ne suis pas globetrotter, mais juste « Francetrotter », alors après un brevet de 1000 ou 1200 bornes de vélo, forcément je pue !

Alors pour rentrer en train sans me faire lyncher, et sans asphyxier les autres voyageurs, est-ce que la laine mérinos serait vraiment miraculeuse (et si possible sans crever de chaud) après 3 jours à pédaler ? ... pour me permettre de rentrer autrement que discrètement étalé dans un coin de wagon, loin des nez sensibles, et en m’épargnant le regard suspicieux du contrôleur !

Merci d’avance. Patrick.

6. Audesou, le 8 mai 2015 à 21:02

Hello Patrick,

Et bienvenue ici !

Je te confirme que la laine mérinos, lorsqu’elle est de qualité, a quelque chose de miraculeux. Et t’encourage donc à tester (et à me tenir au courant une fois de retour) !

Un T-shirt technique chargé à 200 g/m2 est à mes yeux le parfait compromis si tu vises la polyvalence. Tu peux partir sur du 100 g/m2 si tu n’envisages la laine mérinos que lors des phases d’effort, en été.

Pour complément : j’ai voyagé 20 mois à travers le monde avec 2 T-shirts techniques Icebreaker. Ils n’ont pas bougé.

Enfin, je citais Décathlon dans l’article original, il y a plus de 2 ans. Sache que leur gamme s’est largement étendue depuis. Pour en avoir un également, leurs T-shirts mérinos sont de qualité inférieure, mais restent très honnêtes, pour un prix bien plus bas que celui pratiqué par les spécialistes du produit.

En fait, partir à l’aventure sans une couche de base en mérinos me semblerait aujourd’hui presque une erreur.

Du bonheur,

7. Pat-Man, le 23 mai 2015 à 00:58

Salut,

Tout d’abord, les Décathlon par chez moi ne proposent rien de disponible en magasin... ça refroidit un peu.

Ensuite, je dois l’avouer, je restais septique devant les promesses miraculeuses de la laine mérinos, mais après un « petit » essai vélo de 600km non-stop autour de Grenoble le week-end dernier :

1°) Mon t-shirt Icebreaker tout neuf ne gratte absolument pas.

2°) Le truc est très fin (un Anatomica SS Crewe 150) et pourtant il est parfaitement climatisé ! Je n’ai pas eu froid la nuit (je ne suis pas frilleux non plus) ni trop chaud en grimpant les cols et/ou sous le soleil.

3°) Je n’ai pas pué le rat mort à l’arrivée, rien, juste le cuissard sentait le chacal (malgré la peau soit-disant antibactérienne...passons) mais c’est habituel, alors qu’un t-shirt qui sent bon après avoir mijoté une trentaine d’heures en continu, c’est moins habituel !

Bref, que du bonheur ! Ce n’est pas donné, mais franchement, le gain en confort vaut largement le coup. Je recommande à 200% !

Un grand merci pour cette trouvaille.

Patrick.

8. Audesou, le 27 mai 2015 à 19:11

Patrick,

Mais de rien !

Merci pour le retour d’expérience, qui sera sans doute utile à d’autres !

Du bonheur,

9. Etienne, le 2 juillet 2015 à 22:55

Bonjour Audesou,

Devant partir un treck/randonnée sur plusieurs semaines, voir également plusieurs mois, je recherche un vêtement vraiment polyvalent et « inusable »... peu d’entretien, hyper résistant, protection aux UV, respirant. Toujours dans l’objectif de partir le plus léger possible avec du matériel de qualité !

j’étais plutôt parti à la base sur des chemises de trecking hyper résistante en polyamide (ou dérivé en nylon) pouvant me durée facilement une décennie et ayant les avantage suivants :
- quasi increvable : maillage « rip-stop », très très faible abrasion
- respiration +++
- protection aux UV A et B
- poches poitrine
- lavage à sec (évite de faire des lessives, pratique en l’absence d’eau)
- séchage +++ (15 min suffisent parfois)

Les qualités de la laine merinos ont l’air d’être en effet vraiment miraculeuse !! Je suis séduit par cette matière naturelle qui a l’air de surclasser tous les matériaux plastiques (polyamide, polyester, nylon...) Cependant je m’interroge tout comme toi sur 2 points essentiels :

1) La résistance du tissus : en admettant une marche de St Jacques de Compostelle, soit 1500 km avec un sac de 12 kg (donc différent du cycliste qui a priori ne porte pas de sac), je m’interroge sur la longévité à l’abrasion + environnement (ex : branchage ou ronce en bord de chemin et les insectes comme les mites qui raffolent plus du naturel que du synthétique)

2) la protection aux UV : je n’ai vu que « bonne » sur divers forum, sans toutefois pu voir un n° d’indice UPF (40 à 50 pour les chemises de trecking).

Qu’en penses tu ?

10. Audesou, le 5 juillet 2015 à 13:08

Salut à toi Étienne,

Et bienvenue sur La Piste !

J’apprécie le fait que tu anticipes beaucoup de situations pertinentes. Cela pourra aider de futurs lecteurs : merci à toi !

Pour commencer, comme tu l’as a priori lu, j’écrivais à Patrick dans un commentaire publié en mai, et dont tu pourras trouver le détail un peu plus tôt dans la file des commentaires :

[...] j’ai voyagé 20 mois à travers le monde avec 2 T-shirts techniques Icebreaker. Ils n’ont pas bougé.

Mon équipement comportait également deux chemises.

Ensuite...

Côté résistance, j’ai été franchement (agréablement) surpris de voir à quel point les T-shirts Icebreaker tenaient dans la durée. Et je le suis toujours. Ceci dit, je pense qu’ils montreront plus rapidement des signes de faiblesse aux épaules et dans le dos par rapport à une bonne chemise, si tu les portes pendant des mois sous un sac de 60 L, à même la fibre. Et puis, comme tu le soulignes très justement, les insectes kératophages s’attaqueront bien plus volontiers à de la laine qu’à du nylon ! J’ai d’ailleurs parfois croisé sur la route des T-shirts Icebreaker parsemés de petits trous, que j’attribuais sans certitude à ce type d’insectes.

Côté protection UV : jusqu’à ce qu’on me convainque du contraire, ce critère est juste un argument marketing fallacieux. Ma peau ne sait pas bronzer, et, si non protégée, brûle en quelques secondes au soleil d’été. Littéralement. Je n’ai pourtant jamais eu à constater la moindre lésion à travers un vêtement, que je sois pendant des heures en plein soleil dans le désert d’Atacama, au milieu de l’Outback ou à 5 000 mètres d’altitude dans l’Himalaya. En bref, n’importe quel vêtement à la maille rapprochée devrait bloquer la majorité des UV-B/UV-A (sachant que comme la longueur d’onde de ces derniers est plus longue, leur potentiel de pénétration est plus élevé). Si tu veux vraiment mettre toutes les chances de ton côté, opte pour un tissu sombre et relativement épais. Tu l’auras compris, ce point n’est pas un critère de sélection à mes yeux. As-tu déjà subi des lésions sous un vêtement couvrant, de ton côté ?

En bref, si je partais vers Compostelle demain, je prendrais à la fois un bon T-shirt en laine mérinos et une chemise à manches longues. Pour joindre le meilleur des deux mondes.

D’ailleurs, je pars traverser le Jura à pied très prochainement. Pour une vingtaine de jours de marche en montagne, j’emporte, pour ce qui est des couches supérieures :

  • 1 chemise à manches longues Décathlon.
  • 1 T-shirt technique à manches longues Icebreaker.
  • 1 T-shirt technique X-Warm à manches longues Odlo (une sécurité, utile uniquement par temps glacial).
  • 1 polaire Millet.
  • 1 softshell Millet.

Tous, sans exception, faisaient déjà partie de mon équipement lorsque j’étais sur La Piste Inconnue entre novembre 2012 et juin 2014 (cf. http://la-piste-inconnue.fr/le-carnet-de-route/quel-equipement-pour-un-tour-du-m...).

Tous sont d’excellents produits dans leur genre.

N’hésite pas à me dire quel aura été ton choix.

Et que ta route soit belle et riche !

Du bonheur,

11. babs, le 5 juin 2018 à 10:40

Juste en passant.... une machine à laver en 1944......?!? Hihihi...

12. Audesou, le 10 juin 2018 à 21:17

Hello Babs,

Ah ah ! Point d’anachronisme ici : la machine à laver en question était bien celle de mes souvenirs de 1994 !

Ce qui ne me rajeunit pas non plus... :-)

Du bonheur,

Vous aussi, laissez vos traces sur la piste...